L’Encyclopédie/1re édition/DENDROPHORIE

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DENDROPHORIE, subst. f. (Hist. anc. & Mythol.) cérémonie ancienne des Payens, qui consistoit à porter un ou plusieurs arbres par la ville dans certa ns sacrifices, & en l’honneur de quelques dieux.

Ce mot est formé de δενδρόν, arbre, & φέρω, je porte.

La dendrophorie se faisoit aux sacrifices de Bacchus, à ceux de Cybele & du dieu Sylvain. Arnobe, l. I V. parle de celle qui se faisoit aux sacrifices de la mere des dieux ; elle consistoit à porter un pin par la ville, que l’on plantoit ensuite, en mémoire de celui sous lequel Atys favori de la déesse, s’étoit mutilé. On couronnoit les branches de cet arbre, parce que Cybele l’avoit fait : on entouroit son tronc de laine, parce que la déesse avoit couvert de laine la poitrine d’Atys, pour la rechauffer.

On appelloit dendrophores ceux qui portoient ces arbres par la ville. Il est fait mention dans l’histoire romaine, d’une compagnie ou collége de dendrophores qui suivoit les armées. On ne sait pas trop quel étoit leur art & leur fonction. Quelques-uns disent qu’ils faisoient le bois des tentes, c’est-à-dire tout le bois qui servoit à les dresser ; d’autres soûtiennent que c’étoit ceux qui fournissoient le bois nécessaire pour la construction des ouvrages & des machines de guerre.

Saumaise dans ses notes sur la vie de Caracalle par Spartien, avoue que c’étoit-là le sentiment général de tous les savans de son tems ; mais il soûtient avec sa modestie ordinaire qu’ils se trompent, & que les dendrophores des armées ne différoient point de ceux des sacrifices dont nous venons de parler : en tout cas, la chose ne vaut pas la peine de s’en tourmenter, ni de donner à ce sujet aucun démenti à personne. Dictionn. de Trév. & Chambers. (G)