L’Encyclopédie/1re édition/DEMEURER

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DEMEURER, v. n. (Mar.) on se sert de cette expression dans la Marine, demeurer au nord, demeurer au sud, demeurer à bas bord, pour dire qu’une côte ou une île est située & reste au sud ou au nord par rapport à vous. On dit aussi, nous apperçûmes un navire qui nous demeuroit au nord-ouest, &c.

Lorsqu’on parle de vaisseaux qui font route ensemble, ceux qui ne vont pas si bien, sont dits demeurer de l’arriere. (Z)

Demeurer, terme qui, joint avec d’autres, a plusieurs significations dans le Commerce.

Demeurer en souffrance : on dit en termes de compte, qu’une partie, qu’un article est demeuré en souffrance, lorsqu’il n’est passé & alloüé qu’à la charge d’en justifier par quittances, décharges, ordres ou autrement.

Demeurer en reste, Demeurer en arriere, c’est ne pas payer entierement les sommes contenues dans une obligation, dans un mémoire, dans le débet d’un compte.

Demeurer garant, c’est répondre de l’exécution d’une promesse faite par un autre, ou du payement d’une somme qu’il emprunte & qu’il doit : c’est se rendre sa caution. Voyez Caution.

Demeurer du croire ; c’est être garant de la solvabilité de ceux à qui l’on vend des marchandises à crédit pour le compte d’autrui. Les commissionnaires doivent convenir avec les commettans, s’ils demeureront du croire, ou non ; car dans le premier cas les commettans doivent payer aux commissionnaires un droit de commission plus fort, à cause des grands risques que courent ceux-ci en faisant les deniers bons ; & dans ce même cas les commissionnaires doivent avoir trois mois, à compter du jour de l’échéance de chaque partie de marchandise qu’ils auront vendue à crédit, pour faire les remises aux commettans, ou avant qu’ils puissent faire aucunes traites sur eux. Si au contraire les commissionnaires ne demeurent pas d’accord du croire des débiteurs, ils doivent remettre aux commettans à mesure qu’ils reçoivent les deniers provenans de la vente de leurs marchandises, ou leur en donner avis, afin que les commettans s’en prévalent en tirant des lettres de change sur eux, ou pour remettre en d’autres lieux, suivant les ordres qu’ils en reçoivent. Savary, parfait Négociant, liv. III. chap. iij. part. 2.

Demeurer du croire, se dit aussi à l’égard des dispositions ou négociations que les commissionnaires ou correspondans des négocians & banquiers font pour leurs commettans, concernant la banque.

Lorsqu’il y a convention précise par écrit entre un commissionnaire & un commettant, laquelle porte que le commissionnaire demeurera du croire, le commissionnaire doit être responsable envers le commettant, de l’évenement des lettres de change qu’il lui remet, soit par son ordre ou autrement : au contraire si le commissionnaire n’en est pas convenu, quelques ordres qu’il ait pû mettre sur les lettres, cela ne peut lui nuire ni préjudicier à l’égard de son commettant, mais seulement à l’égard d’une tierce personne qui seroit porteur de la lettre. Savary, parfait Négociant, part. II. liv. III. ch. jv. & les dictionnaires de Comm. & de Trév. (G)

Demeurer, en termes de Manege, se dit du cheval, lorsque l’écolier ne le détermine pas assez à aller en-avant : alors le maître dit, votre cheval demeure. (G)