L’Encyclopédie/1re édition/DÉCENNALES

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DÉCENNALES, adj. pr. sub. (Hist, anc. & mod.) étoit le nom d’une fête que les empereurs romains célébroient la dixieme année de leur regne, & pendant laquelle ils offroient des sacrifices, donnoient au peuple des jeux, lui faisoient des largesses, &c.

Auguste fut le premier auteur de cette coûtume, & ses successeurs l’imiterent.

Pendant la même fête on faisoit des vœux pour l’empereur & pour la durée de son empire. On appelloit ces vœux vota decennalia. Voyez Vœu.

Depuis le tems d’Antonin le Pieux, nous trouvons ces fêtes marquées sur les médailles ; primi decennales, secundi decennales ; vota sol. decenn. ij. vota suscept. decenn. iij. ce qui même sert de preuves pour la chronologie.

Il paroît que ces vœux se faisoient au commencement de chaque dixaine d’années, & non à la fin ; car sur des médailles de Pertinax, qui à peine régna quatre mois, nous lisons, vota decenn. & votis decennalibus.

On prétend que ces vœux pour la prospérité des empereurs furent substitués à ceux que le censeur faisoit dans les tems de la république pour le salut & la conservation de l’état. En effet ces vœux avoient pour objet, non-seulement le bien du prince, mais encore celui de l’empire, comme on peut le remarquer dans Dion, liv. VIII. & dans Pline le jeune, liv. X. ép. 101.

L’intention d’Auguste en établissant les decennalia, étoit de conserver l’empire & le souverain pouvoir, sans offenser ni gêner le peuple. Car durant le tems qu’on célebroit cette fête, ce prince avoit coûtume de remettre son autorité entre les mains du peuple, qui rempli de joie, & charmé de la bonté d’Auguste, lui redonnoit à l’instant cette même autorité dont il s’étoit dépouillé en apparence. Voyez le dictionn. de Trév. & Chambers. (G)