L’Encyclopédie/1re édition/COURANTIN

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COURANTIN, s. m. (Artificier.) On appelle courantin ou fusée de corde, en termes d’Artificiers, une fusée qui sert à porter le feu d’un lieu à un autre, & à former même en l’air une espece de combat entre des figures qui représentent des hommes ou des animaux.

Voici la maniere de le faire.

Prenez deux fusées volantes appellées marquises, voyez Fusée, sans pot néanmoins & sans garniture, & comme elles sortent du moule ; joignez-les ensemble à côté l’une de l’autre, la tête de l’une tournée vers le bas de l’autre fusée, & faites ensorte que l’étoupille qui sortira du massif de l’une, entre dans la gorge de l’autre, & colez cela par-dessus avec du papier, pour empêcher que la violence de l’effort ne les sépare ; bouchez aussi avec du papier mouillé & colé le bout du massif de celle qui doit tirer la derniere.

Ces deux fusées étant ainsi disposées, on y attache un tuyau vuide ; on le lie avec ces fusées en trois endroits bien serré, & puis on le passe dans la corde.

La premiere fusée étant allumée, parcourt la corde de l’endroit d’où elle part à l’autre ; & quand elle a fini, l’autre prend feu & revient sur ses pas, faisant le même chemin.

Si c’est une figure que vous desiriez faire paroître pour porter ce feu, comme, par exemple, un dragon ; la figure étant faite de carton ou d’osier très léger, couvert de papier peint, on lui passe ces deux fusées au-travers du corps, de maniere que l’une sorte par la gueule, & l’autre par le derriere, en observant de les proportionner au poids de la figure. Voyez les Feux d’artifice de M. Frezier. (V)