L’Encyclopédie/1re édition/COULER

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* COULER, v. n. terme qui marque le mouvement de tous les fluides, & même de tous les corps solides réduits en poudre impalpable. Rouler, c’est se mouvoir en tournant sur soi-même. Glisser, c’est se mouvoir en conservant la même surface appliquée au corps sur lequel on se meut. Voyez Fluide.

Couler bas, Couler à fond, (Marine.) c’est faire périr un vaisseau en l’enfonçant dans l’eau.

Dans un combat, on coule bas son ennemi, lorsqu’on lui tire assez de coups de canon pour que l’eau y entre en si grande quantité qu’elle le fasse enfoncer dans l’eau.

Un vaisseau coule bas, lorsqu’il se fait quelque voie d’eau très-considérable, à laquelle on ne puisse remédier. (Z)

Couler, (Chimie.) c’est extraire des sels en versant de l’eau sur les substances, telles que des terres, ou des cendres, qui en contiennent, & dont elles sont dépouillées par l’eau qui les dissout & les entraîne. C’est ainsi qu’on obtient le salpetre. On coule aussi la lessive.

Couler, v. act. dans le Commerce, se dit des mauvaises marchandises qu’on fait passer à la faveur des bonnes. Ce marchand, dit-on, m’a trompé, il a coulé quelques pieces de drap médiocres parmi celles qu’il m’a livrées. Dictionn. de Comm. (G)

Couler, (Danse.) c’est porter la jambe doucement & legerement, & raser la terre de la pointe du pié d’un mouvement presqu’uniforme & sans marquer de cadence.

Couler en plomb, (Archit.) c’est remplir de plomb les joints des dales de pierre & les marches des perrons exposées à l’air, ou sceller avec du plomb les crampons de fer ou de bronze : précaution qu’on doit prendre dans les bâtimens d’importance, ainsi qu’on l’a observé aux Invalides, au Val-de-Grace, &c. (P)

Couler, en termes de Boutonnier, c’est l’action d’entortiller un brin de soie ou d’or, sur plusieurs autres enfilés dans la même aiguille, en faisant tourner le bouton comme une piroüette, au moyen d’un fil un peu gros attaché au pié du bouton ; ce qui se fait en rostant un bouton façonné. Voyez Roster.

Couler, v. n. terme de Chandelier ; il se dit d’une chandelle dont le suif fondant trop vîte, se répand sur sa surface.

Couler, en terme d’Epinglier, se dit proprement du second tirage qu’ils donnent au laiton, en le faisant passer par des trous de filiere, comme on fait l’or & l’argent que la premiere main n’a fait que dégrossir.

Couler, terme de Fondeur : on dit couler une piece de canon, quand le métal en est fondu, & qu’on lui permet d’entrer dans le moule. Voyez Fonderie.

Couler, se dit particulierement du verjus, du chasselas, & de la vigne, lorsque le suc contenu dans le fruit s’en échappe par quelque accident de la saison, qui nuit toûjours à l’abondance.

Couler le bouton, (Man.) voyez Bouton. Le maître d’académie dit quelquefois à l’écolier, quand il galoppe autour du manege, coulez, coulez ; ce qui veut dire, ne retenez pas tant votre cheval, & allez un peu plus vîte. Un cheval qui coule au galop, est celui qui va au galop uni, ou qui avance. Voyez Galop.