L’Encyclopédie/1re édition/COS

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COS, (Isle de) Géog. anc. & mod. L’île de Cos, une des Sporades, aujourd’hui Lango ou Stanchio, a eu l’honneur d’être la patrie d’Hippocrate & d’Appelles, les deux plus grands hommes du monde pour la Medecine & la Peinture. Elle fut aussi très-célebre par la pourpre que l’on pêchoit entre cette île & celle de Nisizus, à présent Nassari ; par ses excellens vins & par ses belles gazes. Elle s’approchoit des côtes de l’Asie mineure entre la mer Egée & la mer Carpathienne, à l’entrée du golfe Céramique, qui séparoit la Carie de la Doride. Strabon lui donnoit 69 milles d’Italie de circuit, & parmi les modernes Thevet lui en assigne trente-cinq de France.

Il y avoit encore du tems de Jesus-Christ, un temple élevé en l’honneur d’Esculape dans le fauxbourg de Cos, qui étoit également renommé & rempli de présens consacrés, des plus précieux. On voyoit entr’autres dans ce temple le portrait d’Antigonus peint par Appelles, & celui de Vénus Anadyomene, c’est-à-dire qui sort de l’eau. Ce dernier portrait fut porté à Rome, & consacré au dieu César par l’empereur Auguste. Voyez Anadyomené.

Enfin, ce qui me touche davantage, on y voyoit quantité de planches ou de tableaux qui contenoient des observations sur le cours des maladies, leurs symptomes, les remedes dont on s’étoit servi, avec leurs divers succès. On dit qu’Hippocrate fit un recueil de toutes ces observations, & que c’est là qu’il a puisé les premieres lumieres qu’il a eues de la Médecine, & dont il a sû tirer un si grand parti. Qu’on me pardonne cette remarque en faveur d’une science dont l’étude fait mes délices. Par M. le Chevalier de Jaucourt.