L’Encyclopédie/1re édition/COROLLAIRE

COROMANDEL  ►

COROLLAIRE, s. m. en Géométrie, est une conséquence tirée d’une proposition qui a déjà été avancée ou démontrée : comme si de cette proposition, Un triangle qui a deux côtés égaux, a aussi deux angles égaux ; on tire la conséquence : donc un triangle qui a les trois côtés égaux a aussi les trois angles égaux.

On auroit tout aussi-tôt fait de dire conséquence que corollaire, cela seroit plus à portée de tout le monde : mais c’est le sort de presque toutes les Sciences d’être chargées de mots scientifiques assez inutiles. Il ne faut pas espérer qu’on les change, & ceux qui en traitent sont obligés de s’y conformer. Il faut avouer aussi que ce n’est pas toûjours la faute des Savans ni des Artistes, si les mots scientifiques sont si multipliés. Comme la plûpart des Sciences & des Arts nous viennent des Grecs & des Latins, les mots nous en sont venus avec les choses ; la plûpart de ces mots scientifiques n’ont point passé dans l’usage ordinaire, & sont devenus obscurs pour le vulgaire. Un Athénien, sans savoir de Géométrie, entendoit tout de suite que le mot de théorème signifioit une vérité de spéculation. Chez nous, c’est un mot savant pour ceux qui ignorent le grec ; & ainsi des autres.

Plutarque, dans la vie de Cicéron, le loue d’avoir le premier donné des noms latins dans ses ouvrages aux objets dont les philosophes grecs s’étoient occupés, & qui jusqu’à lui avoient retenu leurs noms grecs. On ne sauroit rendre le langage des Sciences trop simple, & pour ainsi dire trop populaire : c’est ôter un prétexte de les décrier aux sots & aux ignorans, qui voudroient se persuader que les termes qu’ils n’entendent pas en font tout le mérite, & qui, pour parler le langage de Montagne, parce qu’ils ne peuvent y prétendre, se vengent à en médire. (O)