L’Encyclopédie/1re édition/CONTRE-CHARME

CONTRE-CHARME, s. m. (Divinat.) c’est un charme par lequel on détruit l’effet d’un autre charme. Dans le systême de la Théologie payenne, où l’on admettoit des génies bien ou malfaisans de divers ordres, il n’étoit pas étonnant qu’on supposât que tel ou tel génie avoit de la supériorité sur tel ou tel autre, & par conséquent que les charmes d’un magicien aidé par un génie moins puissant, cédassent aux charmes d’un magicien protégé par un génie d’un ordre supérieur ; mais dans la vraie religion il n’est pas démontré qu’il y ait une hiérarchie bien établie entre les démons, ni que l’un détruise ce que l’autre a fait ; autrement ils tomberoient dans le cas dont parle Jesus-Christ dans l’Évangile : Si satanas adversùs satanam divisus est, quomodo stabit regnum ejus ? Il est bien vrai que l’Écriture parle du prince des démons, mais elle insinue en même tems qu’ils conspirent également à faire du mal aux hommes ; ainsi les contre-charmes pourroient bien n’être aux charmes que ce qu’une plus grande imposture est à une moindre. (G)