L’Encyclopédie/1re édition/COMPRESSE
COMPRESSE, s. f. terme de Chirurgie, est un linge plié en plusieurs doubles & posé sous le bandage, pour empêcher la plaie de saigner, ou pour y tenir les médicamens appliqués.
Ce mot vient du Latin comprimere, qui signifie presser avec force.
Scultet, dans son Armam. chirug. observe que les anciens faisoient leurs compresses de lin cardé ou de duvet de plume cousus entre deux linges, & les appelloient coussins ou coussinets. Chambers.
Les compresses sont destinées à être placées sur une partie offensée, soit pour y contenir les médicamens, y remplir les vuides, servir d’appui aux bandes, soit pour comprimer quelque partie molle ou dure.
Les compresses doivent avoir les mêmes conditions que les bandes, c’est-à-dire qu’il faut qu’elles soient de linge à demi usé, sans ourlet ni lisiere.
On divise les compresses en simples & en composées : les simples ne sont faites que d’un seul lai de linge, telles que sont les premieres compresses dont on se sert pour les fractures simples de la jambe ou du bras.
Les composées sont de deux sortes, unies ou irrégulieres. Les composées unies sont ployées également : elles sont de différente figure & de diverse grandeur : les irregulieres ou graduées sont égales ou inégales.
Les égales sont celles qui étant de différente grandeur & par degrés, s’appliquent les unes sur les autres, commençant par les plus étroites. Voy. ce que nous en avons dit au sujet de l’anevrisme qui peut se guérir par compression.
Les compresses graduées inégales sont faites d’une seule piece de linge, qui étant ployée plusieurs fois sur elle-même, se trouve plus épaisse d’un côté que de l’autre. Ces sortes de compresses s’employent avec les bandages expulsifs, & sont fort utiles. L’application méthodique des compresses expulsives vuides des sinus, procure le recollement de la peau dilacérée, empêche de faire plusieurs incisions & contr’ouvertures, & évite par-là beaucoup de douleurs aux malades. Voyez Contre-ouverture & Compression.
On appelle aussi les compresses, contentives, unissantes, divisives, &c. Voyez Planche II. figure 12 de Chirurgie, compresse quarrée ; figure 13 & 14, compresses oblongues ; fig. 15. compresse triangulaire pour l’œil, l’aîne, &c. fig. 16, compresse en croix de malte pour les amputations des membres & les extrémités des doigts. On se sert aussi d’une compresse de cette figure pour panser l’extrémité de la verge ; on fait alors un petit trou dans son milieu, pour répondre à l’orifice de l’urethre. Figure 17, compresses longuettes pour les amputations. Fig. 18, compresse fendue ou à deux chefs. Figure 19, compresse à quatre chefs. Planche XXXI. fig. 11, compresse graduée inégale. (Y)