L’Encyclopédie/1re édition/COMPLICATION

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COMPLICATION, s. f. terme plus d’usage en Medecine qu’en aucune autre occasion : il désigne généralement un assemblage de causes, d’effets, ou de circonstances tellement liées les unes aux autres, qu’il est difficile d’en appercevoir distinctement tous les rapports.

Complication, (Medecine.) complexio, confusio : ce terme est employé en différens sens par les Pathologistes.

Le plus grand nombre d’entre eux appellent compliquée, une maladie à laquelle est jointe une autre maladie dans le même sujet : ainsi une hémorrhagie habituelle des narines qui dépend de la lésion de quelque viscere du bas-ventre, est une maladie compliquée ; de même que l’épilepsie qui est produite conséquemment à une maladie de la matrice : le virus vénérien joint avec le virus scrophuleux, constitue une maladie compliquée qui est la vérole, &c. Telle est l’idée que donnent des auteurs Pathologistes, de ce qu’ils appellent maladie compliquée, par opposition à ce qu’ils nomment maladie simple, qui, quoiqu’elle soit accompagnée de plusieurs symptomes différens qui en dépendent, n’est jointe à aucune autre maladie distinguée. Ainsi la fievre tierce, la pleurésie, la douleur aux dents, prises séparément, & considérées comme existantes seules dans un sujet, sont des maladies simples.

D’autres, tels que M. Astruc, entendent par maladies compliquées, celles qui, quoique considérées chacune en particulier, constituent des lésions de fonction dans l’œconomie animale de plusieurs manieres, par opposition aux maladies simples, qui ne troublent les fonctions que d’une maniere. Ainsi la péripneumonie, par exemple, est une maladie compliquée, parce qu’elle affecte en même tems les parties solides & les parties fluides des poumons, & chacune de ces parties de différente maniere : 1°. entant qu’elle constitue une tumeur inflammatoire, par laquelle les solides sont vitiés à l’égard de leur volume qui est augmenté, de leur figure qui est changée, des conduits qui sont engorgés, & des fibres même dont ils sont composés, qui sont ou relâchées & affoiblies, ou resserrées & rendues trop roides : 2°. entant qu’elle donne lieu à la fievre, par laquelle les solides sont vitiés à l’égard de leur mouvement qui est augmenté, de la chaleur qui est plus forte, de la qualité des humeurs qui est différemment altérée, & de leur volume qui est souvent plus considérable, à cause de la pléthore vraie ou fausse.

Mais comme dans ces différentes significations que l’on donne aux complications des maladies, on n’y donne pas une idée distincte de ce qu’on appelle maladie, & de ce qui en est le symptome, de ce qui caractérise une maladie simple & une maladie compliquée ; il paroît plus utile & plus clair d’appeller avec Pitcarne (élém. phys. mathém.) maladie simple, ce que les auteurs d’institution de Medecine appellent symptome ; & de donner le nom de maladie compliquée, à ce qu’ils appellent simplement maladie, c’est-à-dire à la jonction, au concours de plusieurs symptomes : par-là on évite une grande confusion dans la Pathologie.

Il résulte de ce qui vient d’être dit, que la complication dans les maladies n’est autre chose que la réunion des conditions requises pour former une maladie compliquée, dans lequel des sens mentionnés qu’on puisse prendre ce terme.

Au reste il paroît que par maladie compliquée, les auteurs entendent la même chose que par maladie composée. Galien, lib. de typ. cap. iij. Voyez Maladie. Cet article est de M. d’Aumont.

Complication, (Jurisprud.) se dit en matiere criminelle, lorsque l’accusé se trouve prévenu de plusieurs crimes : on dit aussi de la procédure ou d’une affaire en général, qu’elle est fort compliquée, lorsqu’il y a un grand nombre d’objets & de demandes respectives qui se croisent mutuellement. (A)