L’Encyclopédie/1re édition/COMMERE ACCOMMODEZ-MOI

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COMMERE ACCOMMODEZ-MOI, (Jeu de) ce jeu ainsi appellé parce que toute l’habileté du joueur est de chercher à accommoder son jeu, a beaucoup de rapport à celui du commerce, & ne laisse pas d’être amusant, quoiqu’à en juger par son nom il ne soit guere joüé que par les petites gens.

On le sert d’un jeu de cartes tout entier. On peut y joüer sept ou huit personnes. Chacun prend autant de jetons que l’on veut, & dont on a déterminé la valeur. On met peu ou beaucoup au jeu, selon que l’on a intention de perdre ou de gagner de même. Celui à qui il est échû de faire, ayant mêlé & fait couper à l’ordinaire, donne trois cartes à chaque joüeur, toutes ensemble ou séparément. Les cartes ainsi distribuées on ne songe plus qu’à tirer au point, à la sequence, & au tricon, la sequence emportant le point, & le tricon la sequence & le point. Le plus fort gagne le plus foible, & s’ils sont égaux, c’est celui qui est le plus proche de celui qui a mêlé à droite. L’as vaut onze au jeu & est la premiere de toutes les cartes. Voyez Tricon, Sequence & Point.

Celui qui gagne la partie par le point ne tire que la poule ; celui qui gagne par une sequence, gagne un jeton de chaque joüeur avec la poule, & celui qui gagne avec tricon en gagne deux outre la poule.

Souvent les joüeurs ne trouvent point à s’accommoder dès la premiere donne, malgré tous les échanges qu’ils ayent pû faire, & pour lors celui qui a fait prend le talon & donne une carte à chaque joüeur, qui lui en rend une autre à la place, en commençant par la droite & mettant toûjours les cartes échangées sous le talon ; mais il faut que tous les joüeurs y consentent, sinon l’on refait.

Quand on a reçu cette carte du talon, on fait l’échange comme auparavant, en s’accommodant l’un l’autre jusqu’à ce qu’un des joüeurs ait fait son jeu. Si les joüeurs ne s’accommodoient point encore, on pourroit donner une seconde carte, ce qui pourtant n’arrive guere, non plus que de faire plus de deux donnes à ce jeu.

Celui qui donne mal n’est tenu que de refaire. Lorsque le jeu est reconnu faux, le coup est nul, mais les précedens sont bons ; & si même le coup où l’on s’apperçoit que le jeu est incomplet étoit fini, & que quelqu’un eût gagné, le coup seroit estimé valide.