L’Encyclopédie/1re édition/COLYBES

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COLYBES, s. m. plur. (Hist. ecclés.) nom que les Grecs, dans leur lithurgie, ont donné à une offrande de froment & de légumes cuits, qu’ils font en l’honneur des saints & en mémoire des morts.

Balsamon, le P. Goar, & Léon Allatius, ont écrit sur cette matiere. Voici ce qu’ils en disent en substance : les Grecs font bouillir une certaine quantité de froment, & la mettent en petits morceaux sur une assiete ; ils y ajoûtent des pois pilés, des noix coupées en fort petits morceaux, & des pepins de raisins : ils divisent le tout en plusieurs compartimens séparés par des feuilles de persil ; & c’est à cette composition qu’ils donnent le nom de κολυϐα.

Ils ont pour la bénédiction des colybes une formule particuliere, dans laquelle ils font des vœux pour que Dieu bénisse ces fruits & ceux qui en mangeront ; parce qu’ils sont offerts à sa gloire en mémoire de tel ou tel saint, & de quelques fideles décédés. Balsamon attribue à S. Athanase l’institution de cette cérémonie : mais Synaxari en fixe l’origine au tems de Julien l’Apostat ; & dit que ce prince ayant fait profaner le pain & les autres denrées qui se vendoient aux marchés de Constantinople au commencement du carême, par le sang des viandes immolées, le patriarche Eudoxe ordonna aux Chrétiens de ne manger que des colybes ou du froment cuit, & que c’est en mémoire de cet évenement qu’on a coûtume de bénir & de distribuer les colybes aux fideles le premier samedi de carême. Au reste, les Grecs donnent encore à cet usage des interprétations mystiques, disant que les colybes sont des symboles d’une résurrection générale, & les divers ingrédiens qu’on y mêle avec le froment, des figures d’autant de différentes vertus. C’est ce qu’on peut voir dans un petit traité des colybes écrit par Gabriel de Philadelphie, pour répondre aux imputations de quelques écrivains de l’église Latine, qui desapprouvoient cet usage, & que M. Simon a fait imprimer à Paris en Grec & en Latin, avec des remarques. (G)