L’Encyclopédie/1re édition/COCO

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COCO, s. m. (Hist. nat.) le coco est le fruit d’une espece de palmier qui s’éleve à trente ou quarante piés de hauteur (Voyez fig. 1. Plan. XXVII. d’Hist. nat.) : sa tige est droite ; elle diminue de grosseur à mesure qu’elle s’éloigne de terre. On fait des incisions aux tiges des jeunes arbres pour en tirer un suc vineux qui sert de boisson : ce suc donne par la distillation de fort bonne eau-de-vie : en le cuisant sur le feu on l’adoucit ; & au contraire on en fait du vinaigre lorsqu’on le laisse exposé au soleil. La tige est terminée à son extrémité par des feuilles fort longues, & larges à proportion : on s’en sert pour couvrir les maisons, pour faire des voiles de navire, des nattes, &c. Les habitans de ces pays écrivent sur ces feuilles comme sur du papier ou du parchemin. Les fruits naissent au sommet de la tige entre les feuilles ; ils sont enveloppés plusieurs ensemble dans une espece de gaîne dont ils sortent en grossissant : chacun de ces fruits est gros comme la tête d’un homme ; il est oval, quelquefois rond ; trois côtes qui suivent sa longueur lui donnent une figure triangulaire. Ce fruit est composé de deux écorces & d’une substance moelleuse : l’écorce extérieure est verte ; l’intérieure est brune. Lorsque le fruit n’est pas encore mûr, on en tire une bonne quantité d’eau claire, odorante, & fort agréable au goût. Il y a des cocos qui contiennent jusqu’à trois ou quatre livres de cette eau. Mais lorsque le fruit a pris son accroissement, la moelle que renferment les écorces prend de la consistance, & il n’y a plus qu’une cavité dans son milieu qui soit remplie d’eau ; & alors l’eau, quoique claire, n’est pas si douce qu’auparavant. La moelle est blanchâtre, & bonne à manger ; son goût approche de celui de la noisette ou de l’amande ; on en peut faire un lait comme on en fait avec les amandes : si on veut la conserver long-tems, on la fait sécher au soleil. L’écorce qui enveloppe cette substance est dure & ligneuse ; on la polit & on la travaille pour différens usages : elle sert de mesure des liquides à Siam : on gradue sa capacité avec des cauris, petites écailles qui servent de monnoie : il y a des cocos de mille cauris, de cinq cents, &c. La seconde, qui est l’extérieure, est lisse, de couleur grise, & garnie en-dedans d’une sorte de bourre rougeâtre dont on fait des cables & des cordages : elle vaut mieux que les étoupes pour calfeutrer les vaisseaux, parce qu’elle ne se pourrit pas si vîte, & parce qu’elle se renfle en s’imbibant d’eau.