L’Encyclopédie/1re édition/CIBOIRE

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CIBOIRE, s. m. (Hist. ecclésiastiq. & prof.) vase sacré où l’on garde les hosties. C’est un vaisseau en forme de grand calice couvert, qui sert à conserver les hosties consacrées pour la communion des Chrétiens dans l’Église catholique.

On gardoit autrefois ce vase dans une colombe d’argent suspendue dans les baptisteres & sur les tombeaux des martyrs, ou sur les autels, comme le P. Mabillon l’a remarqué dans sa liturgie de l’église Gallicane ; le concile de Tours a ordonné de placer le ciboire sous la croix qui étoit au haut de l’autel.

Chez les anciens écrivains, selon le Dictionnaire de Trévoux, ce mot se disoit de toutes sortes de constructions faites en voûtes portées sur quatre piliers. Chez les auteurs ecclésiastiques, il désigne un petit dais élevé & suspendu sur quatre colonnes sur le maître autel. On en voit dans quelques églises à Paris & à Rome, ce qui prouve que c’est la même chose que baldaquin ; aussi les Italiens appellent-ils encore ciborio un tabernacle isolé.

Les connoisseurs ne peuvent supporter que sous une coupole comme celle du Val-de-Grace, par exemple, qui est d’une beauté supérieure, on voye au-dessus de l’autel une petite espece de ciboire qui est mal conçû, écrasé, enterré, recogné contre la muraille, & qui n’ajoûte rien à la splendeur de son dôme.

Le mot de ciboire vient originairement des Egyptiens. Ces peuples donnerent d’abord ce nom à une espece de feve de leur pays, faba Ægyptia, dont la gousse s’ouvroit par le haut quand le fruit étoit mûr. Ils ont ensuite transporté ce nom à cette gousse même qui leur servoit de coupe. Cette gousse est fort ouverte par le haut, & fort pointue par le bas. Les Grecs & les Romains appellerent ciboria, ciboires, toutes les coupes de quelque matiere qu’elles fussent, dans lesquelles on versoit des liquides, & en particulier le vin que l’on bûvoit dans les repas. Horace a employé ce terme dans ce dernier sens :

Oblivioso levia Massico
Ciboria exple.
Lib. II. ode vij.


« Vuidez les coupes de cet excellent vin de Massique ; il est souverain pour dissiper les soucis ».

Enfin l’église Romaine a retenu ce mot pour les vases où l’on met les hosties, & qui restent consacrés à l’usage de la communion. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.