L’Encyclopédie/1re édition/CHELMINAR ou TCHELMINAR

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CHELMINAR ou TCHELMINAR, s. m. (Hist. anc. & Archit.) les plus belles & les plus magnifiques ruines qui nous restent de l’antiquité : ce sont celles en partie de ce fameux palais de Persepolis, auquel Alexandre étant ivre mit le feu par complaisance pour la courtisane Thais. Voyez Ruines. Les voyageurs & les historiens ont donné des descriptions fort circonstanciées des chelminars, entre autres Gratias de Sylva, Figroa, Pietro della Valle, Chardin, & Lebrun. On y voit, disent quelques-uns, les restes de près de quatre-vingt colonnes, dont les fragmens ont au moins six piés de haut ; mais il n’y en a que dix-neuf qu’on puisse dire entieres, avec une autre isolée & éloignée d’environ cinquante pas. Ils ajoûtent que quatre-vingts-quinze marches montent au premier étage du palais ; qu’elles sont taillées dans le roc, à qui une roche de marbre noir fort dur sert de fondations ; que l’entrée du palais a environ vingt piés de large, & que d’un côté est la figure d’un éléphant, & de l’autre celle d’un rhinoceros haut de trente piés, sculptés en marbre : après avoir passé cette entrée, on rencontre quantité de fragmens de colonnes de marbre blanc, dont les restes précieux donnent à connoître la magnificence de l’ouvrage entier ; & on y voit quelques inscriptions gravées de caracteres d’une figure extraordinaire, qui ressemblent à des triangles ou à des pyramides. Ce monument sert à présent de retraite aux bêtes farouches & aux oiseaux de proie ; ce qui n’a pas empêché Lebrun, par une curiosité qui lui étoit naturelle, d’entreprendre le voyage de Perse dans le dessein d’y voir les restes de ce somptueux édifice. (P)