L’Encyclopédie/1re édition/CHAUSSE-TRAPE

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CHAUSSE-TRAPE, ou CHARDON ETOILÉ, (Hist. nat. bot.) plante qui doit se rapporter au genre simplement appellé chardon. Voy. Chardon. (I)

Chausse-trape, (Mat. med.) c’est la racine de cette plante qui est sur-tout en usage. Elle passe pour un remede singulier contre la pierre, la gravelle, & les coliques néphrétiques : on la prend, soit en infusion avec le vin ou l’eau, soit en poudre dans un véhicule approprié.

Son suc pris à la dose de quatre ou six onces, passe pour un bon fébrifuge : ce même suc est employé extérieurement contre les taies des yeux.

M. de Lamoignon, intendant de Languedoc, a fait part au public d’un remede par lequel il a été guéri d’une fâcheuse colique néphrétique qui le fatiguoit assez souvent. Voici la description de ce remede telle qu’elle a été imprimée à Montpellier par son ordre.

Le vingt-huitieme jour de la lune de chaque mois, on fait boire de fort grand matin un verre de vin blanc, dans lequel on a mis infuser un gros de la premiere écorce de la racine de chausse-trape cueillie vers la fin du mois de Septembre : c’est une petite peau fort fine, brune en-dehors, blanche en-dedans ; on la fait sécher à l’ombre, & mettre en poudre très-subtile : le jour que l’on a pris ce remede, on met sur le soir dans un demi-septier d’eau une poignée de pariétaire, un gros de bois de sassafras, autant d’anis, & pour un sou de canelle fine ; on fait bouillir le tout sur un feu clair pendant un demi-quart-d’heure ; l’on retire le vaisseau du feu, & on le met sur les cendres chaudes, l’ayant bien couvert avec du papier : le lendemain on le remet encore sur un feu clair, pour le faire bouillir derechef pendant un demi-quart-d’heure, après quoi on verse sur deux onces de sucre candi en poudre dans une écuelle l’infusion passée par un linge avec expression du marc : quand le sucre est fondu, on la fait boire au malade le plus chaudement que l’on peut, & on l’oblige de ne rien prendre de trois heures ; ce qu’il faut observer aussi après la prise du premier remede.

Camérarius dit qu’à Francfort on se sert de la racine de chausse-trape, au lieu de celle de chardon-roland. On l’employe dans la tisanne & dans les bouillons apéritifs : un gros de sa graine infusé dans un verre de vin blanc, emporte souvent les matieres glaireuses qui embarrassent les conduits de l’urine. Tournefort.

La racine de cette plante entre dans l’eau générale de la Pharmacopée de Paris.

La plante entiere entre dans les aposemes & bouillons diurétiques & apéritifs. La semence pilée & macérée pendant la nuit dans du vin à la dose d’un gros, & prise le matin à jeûn, pousse par les urines, & dégage les canaux urinaires embarrassés par un mucus visqueux : mais il faut user de ce remede avec précaution, de peur qu’il ne cause le pissement de sang. Geoffroy, mat. med.

Les fleurs de cette plante sont d’une amertume très-vive ; leur infusion est un excellent fébrifuge, elle a emporté quelques fievres intermittentes qui avoient résiste au quinquina.

Chausse-trape, (Fortific.) est un instrument à quatre pointes de fer disposées en triangle, dont trois portent toûjours à terre, & la quatrieme demeure en l’air. On seme les chausse-trapes sur une breche, ou dans les endroits où la cavalerie doit passer, pour les lui rendre difficiles. Voyez Pl. XIII. de Fortification. (Q)