L’Encyclopédie/1re édition/CHAUFFE-CIRE
CHAUFFE-CIRE, (Jurisprud.) est un officier de chancellerie dont la fonction est de chauffer, amollir, & préparer la cire pour la rendre propre à sceller. On l’appelle aussi scelleur, parce que c’est lui qui applique le sceau ; dans les anciens états il est nommé varlet chauffe-cire. L’institution de cet officier est fort ancienne ; il n’y en avoit d’abord qu’un seul en la grande chancellerie, ensuite on en mit deux, puis ils furent augmentés jusqu’à quatre, qui devoient servir par quartier, & être continuellement à la suite de M. le Chancelier ; & lorsqu’il avoit son logement en la maison du Roi, ils avoient leur habitation auprès de lui. Il est même à remarquer que le plat attribué à M. le chancelier, est pour les maîtres des requêtes, l’audiencier, contrôleur, & chauffes-cire de la chancellerie, de sorte qu’ils sont vraiment commensaux du Roi, & en effet ils jouissent des mêmes priviléges. Ces offices n’étoient d’abord que par commission ; on tient qu’ils furent faits héréditaires, au moyen de ce qu’ayant vaqué par forfaiture, lors du syndicat ou recherche générale qui fut faite des officiers de France du tems de S. Louis, il les donna héréditairement en récompense à sa nourrice, qui en fit pourvoir quatre enfans qu’elle avoit ; & depuis, par succession ou vente, ces offices se perpétuerent sur le même pié. Il n’y a pas cependant toûjours eu quatre chauffes-cire en la chancellerie ; on voit par les comptes rendus en 1394, qu’il n’y en avoit alors que deux, qui avoient chacun douze deniers par jour : depuis, leurs émolumens ont été reglés différemment, à proportion des lettres qu’ils scellent. Il y avoit autrefois deux sortes de chauffes-cire, savoir les chauffe-cires scelleurs, & les valets chauffes-cire, subordonnés aux premiers ; mais par un arrêt du conseil du 31 Octobre 1739, il a été ordonné que les offices de chauffes-cire scelleurs de la grande chancellerie de France, & des chancelleries près les cours & siéges présidiaux du royaume, seront à l’avenir remplis & possédés sous le seul titre de scelleurs, & ceux de valets chauffes-cire, sous le titre de chauffes-cire seulement.
Les chauffes-cire de la grande chancellerie servent aussi en la chancellerie du palais.
Pour ce qui est des autres chancelleries établies près les parlemens & autres cours supérieures, c’étoient autrefois les chauffes-cire de la grande chancellerie qui les commettoient ; mais présentement ils sont en titre d’office.
Ces offices, selon Loiseau, ne sont pas vraiment domaniaux, mais seulement héréditaires par privilége.
Il y avoit aussi autrefois un chauffe-cire dans la chancellerie des foires de Champagne, tellement qu’en 1318 Philippe le Bel ordonna que les émolumens de ce chauffe-cire seroient vendus par enchere, c’est-à-dire donnés à ferme.
Il y a aussi un chauffe-cire dans la chancellerie de la reine, & dans celle des princes qui ont une chancellerie pour leur apanage. Voyez l’hist de la chancell. par Tessereau ; Loiseau, des offices, liv. II. ch. viij. n. 19. & suiv. Chenu, des offices, tit. des chancelleries. (A)