L’Encyclopédie/1re édition/CHARTREUX
CHARTREUX, s. m. (Hist. ecclés.) ordre de religieux institué par S. Bruno en 1086, & remarquable par l’austérité de la regle. Elle oblige les religieux à une solitude perpétuelle, & l’abstinence totale de viande, même en cas de maladie dangereuse & en danger de mort, & au silence absolu, excepté en certains tems marqués. Voyez Monastique, Moine.
Leurs maisons sont ordinairement baties dans des deserts, quoiqu’il s’en trouve à la proximité des villes, ou dans les villes mêmes. La ferveur & la piété monastique se sont toûjours mieux conservées dans cet ordre que dans les autres. M. l’abbé de la Trape (Rancé) a cependant tâché de prouver que les Chartreux s’étoient relâchés de cette extrème austérité qui leur étoit prescrite par les constitutions de Guigues I. leur cinquieme général. Mais dom Innocent Masson, élû général en 1675, dans une réponse à M. l’abbé de Rancé, a montré que ce que celui-ci appelle statuts ou constitutions de Guigues, n’étoit que des coûtumes compilées par le P. Guigues, & qui ne devinrent lois que long-tems après. En effet, S. Bruno ne laissa aucunes regles écrites à son ordre. Guigues élu en 1110, en mit les coûtumes & les statuts par écrit ; & ce fut Basile leur huitieme général, élu en 1151, qui dressa leurs constitutions telles qu’elles furent approuvées par le saint siége. Les Chartreux ont donné à l’Eglise plusieurs saints prélats, & grand nombre de sujets illustres par leur doctrine & par leur piété. Leur général ne prend que le titre de prieur de la Chartreuse. (G)
Chartreux, (Hist. nat.) sorte de chat dont le poil est d’un gris cendré tirant sur le bleu. C’est une des peaux dont les Pelletiers font négoce, & qu’ils employent dans les fourrures. Voyez Chat.
Chartreux, (pelle de) Comm. espece de laine très-fine, que nos manufacturiers en draps & autres étoffes tirent d’Epagne. Voy. le Dictionn. de Comm.