L’Encyclopédie/1re édition/CHARAG ou CHARAH

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CHARAG ou CHARAH, s. m. (Hist. mod.) c’est le tribut que le grand-seigneur fait lever sur les enfans mâles des Juifs, qui payent chaque année un sequin ou ducat, ce qui produit environ onze mille trois cents sequins. Il y a cependant trois cents Hébreux exempts de ce tribut. Outre ce droit, les Juifs payent encore trois mille sequins par an, pour conserver le privilége qui leur est accordé, de tenir des synagogues : & tous les ans en payant ce droit, ils en font renouveller la confirmation, avec le pouvoir de prendre le titre de rabbin qui, chez eux, est leur docteur & le chef de la synagogue : ils sont encore taxés à douze cents sequins, pour avoir la permission d’ensevelir leurs morts.

Les Chrétiens Grecs qui sont sous la domination du grand-seigneur, dans Constantinople ou Pera, payent tous le charag, qui est d’un sequin par tête de chaque enfant mâle : & ce tribut produit chaque année environ trente-huit mille sequins. Ils payent de plus vingt-cinq mille sequins pour la conservation de leurs églises, & pour le droit d’être gouvernés par un patriarche.

Les Chrétiens Latins qui sont habitués à Constantinople ou à Pera, mariés ou non mariés, payent pour le charag un sequin par tête, & rien au-delà : mais la plûpart s’en exemptent en se faisant inscrire au nombre des officiers de quelques ambassadeurs des têtes couronnées.

Les voyageurs ou négocians Chrétiens, payent le charag en entrant dans la premiere ville soûmise à l’empire Ottoman, selon Ricaut, dans son Etat de cet empire. Les esclaves, qui ont acquis la liberté, soit par grace, soit par rachat, ne payent aucun charag, quoique mariés ; ils sont même exempts de toutes les taxes sur les choses nécessaires à la vie. Les Chrétiens Ragusiens & les Albanois sont aussi exempts de tout tribut. Le chevalier de la Magdelaine, dans son Miroir de l’empire Ottoman, ne porte pas le charag aussi haut que nous le mettons ici. (a)