L’Encyclopédie/1re édition/CAVALIER

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 782-783).
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CAVALIER, s. m. (dans l’Art. milit.) est un soldat qui combat à cheval ; on l’appelle aussi maître : on dit indifféremment une telle compagnie étoit de quarante cavaliers ou de quarante maîtres.

Ce mot vient du Latin caballus : on trouve caballarius & cavallarius dans la basse Latinité.

Un bon cavalier est celui qui a bien soin de son cheval & de son équipage ; qui se tient propre & qui observe exactement les ordres qu’on lui prescrit. Il doit avoir toûjours dans ses besaces du crin pour rembourer sa selle, qu’il doit visiter toutes les fois qu’il descend de cheval, & voir si rien n’y manque.

Quand il est commandé, il ne doit jamais quitter sa troupe sans la permission de son officier ; il doit aussi toûjours avoir de quoi tirer, & ses armes en bon état.

Quand il est dans un poste, & qu’on lui a consigné un ordre, il ne doit point faire difficulté de tirer sur ceux qui y contreviennent, même sur un général, tout comme sur un autre ; & il doit avertir les officiers de ce qui se passe aux environs de son poste.

Un cavalier qui va au fourrage ne doit jamais outrer son cheval à force de courir : il doit s’en tenir à celui qu’il peut prendre le plus aisément, & ne pas s’imaginer que le fourrage le plus éloigné soit le meilleur.

Cavalier, en terme de Fortification, est une élévation de terre qu’on pratique sur le terre-plein du rempart pour y placer des batteries qui découvrent au loin dans la campagne, & qui incommodent l’ennemi dans ses approches.

Ils se construisent le plus ordinairement dans le milieu des bastions pleins. En ce cas ils ont la même figure que le bastion. On observe que le côté extérieur de leur rempart soit éloigné de trois ou quatre toises du côté intérieur du parapet ou faces du bastion, & de quatre ou cinq toises de celui de ses flancs. On place aussi des cavaliers sur les courtines : mais alors ils sont ronds ou quarrés. Il y a plusieurs villes comme Landau & Luxembourg où l’on en trouve en-dedans la place dans le voisinage du rempart ; mais ces sortes de cavaliers ne peuvent être d’usage que dans les premiers jours de siéges.

Lorsqu’une place se trouve commandée, on y éleve aussi quelquefois des cavaliers, comme M. de Vauban l’a fait à Maubeuge, pour séparer des commandemens. Les cavaliers tiennent lieu dans ce cas de traverses. Voyez Traverse.

Les avantages qu’on tire des cavaliers peuvent se réduire à quatre principaux.

1°. A garantir, comme on vient de le dire, de l’enfilade.

2°. A obliger l’assiégeant d’ouvrir la tranchée à une plus grande distance de la place, pour ne pas se trouver sous le feu du cavalier.

3° A découvrir le dedans ou l’intérieur des tranchées, & à les enfiler par des coups plongés.

4°. A doubler le feu des bastions sur lesquels les cavaliers sont construits.

Cavalier de tranchée, est dans l’attaque des places une élévation de gabions, de fascines, & de terre, que l’assiégeant pratique à la moitié ou aux deux tiers du glacis, vers ses angles saillans, pour découvrir & enfiler le chemin couvert.

Le parapet des cavaliers de tranchée est de 8 ou 9 piés plus élevé que le glacis. On y pratique trois banquettes : le soldat placé sur la supérieure, se trouve suffisamment élevé pour plonger dans le chemin couvert. Lorsque cet ouvrage a toute sa perfection, il est bien difficile que l’ennemi puisse se montrer dans le chemin couvert ; il s’y trouve trop exposé au feu des cavaliers ; mais ils ne peuvent se construire qu’autant qu’ils sont protégés de batteries à ricochet qui enfilent exactement le chemin couvert. Le Blond, Attaque des places. Voyez le plan & le profil d’un Cavalier de tranchée, Pl. XVI. de l’Art milit. fig. 3. (Q)

Cavalier, s. m. en terme de manege, signifie un homme qui est bien à cheval, qui le manie bien, qui entend les chevaux. On dit aussi un bel homme de cheval.

Cavalier, s. m. (Commerce.) monnoie d’argent qui se fabriquoit autrefois en Flandre dans la forme des bajoirs, (voyez Bajoir) du titre de neuf deniers onze grains ; le cavalier vaut argent de France, une livre sept sous deux deniers.