L’Encyclopédie/1re édition/CANEPIN

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 596).
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CANEPIN, s. f. (Megissier.) c’est une pellicule très mince que les Mégissiers tirent de dessus les peaux de chevreau ou de mouton qui ont été passées en mégie. C’est précisément ce que les Anatomistes appellent l’épiderme dans l’homme.

Paris est l’endroit de France où l’on sait mieux lever le canepin ; ce sont les Peaussiers qui font cette opération.

Les Gantiers appellent ordinairement le canepin cuir de poule, & c’est avec cette sorte de cuirs qu’ils fabriquent la plus grande partie des gants que portent les femmes, surtout dans l’été. On en fait aussi des éventails.

Le canepin qu’on tire de dessus la peau des chevreaux, est le plus estimé pour la fabrique des gants.

* Les Couteliers en font un grand usage pour essayer leurs lancettes, & savoir si elles sont assez pointues & assez tranchantes. Ils tendent un morceau de canepin entre le pouce & l’index d’un bout, & entre le doigt du milieu & l’annulaire de l’autre bout, écartant l’index & l’annulaire. Ils placent ensuite la pointe de la lancette sur ce canepin tendu ; ils élevent la châsse ; si la lancette par son propre poids perce le carepin sans faire aucun bruit, elle est assez pointue & assez tranchante ; si elle ne le perce point, ou qu’elle fasse un petit bruit en le perçant, elle est censée ne piquer ni ne couper assez.

Il y a du choix dans le canepin ; celui qui est épais & jaunâtre ordinairement ne vaut rien pour l’essai de la lancette. Il faut prendre celui qui est le plus mince, le plus blanc, & le plus doux au toucher.