L’Encyclopédie/1re édition/CALOYER ou CALOGER

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 564-565).
◄  CALOTTIER
CALPÉ  ►

CALOYER ou CALOGER, s. m. (Hist. eccles.) calogeri, moine, religieux ou religieuse Greque, qui suivent la regle de S. Basile. Les Caloyers habitent particulierement le mont Athos : mais ils desservent presque toutes les églises d’Orient. Ils font des vœux comme les moines en Occident. Il n’a jamais été fait de réforme chez eux ; car ils gardent exactement leur premier institut, & conservent leur ancien vêtement. Tavernier observe qu’ils menent un genre de vie fort austere & fort retirée ; ils ne mangent jamais de viande, & outre cela ils ont quatre carêmes, & observent plusieurs autres jeûnes de l’église Greque avec une extrème régularité. Ils ne mangent du pain qu’après l’avoir gagné par le travail de leurs mains : il y en a qui ne mangent qu’une fois en trois jours, & d’autres deux fois en sept : pendant leurs sept semaines de carême, ils passent la plus grande partie de la nuit à pleurer & à gémir pour leurs péchés & pour ceux des autres.

Quelques auteurs observent qu’on donne particulierement ce nom aux religieux qui sont vénérables par leur âge, leur retraite & l’austérité de leur vie, & le dérivent du Grec καλὸς, beau, & γῆρας, vieillesse. Il est bon de remarquer que quoiqu’en France on comprenne tous les moines Grecs sous le nom de Caloyers, il n’en est pas de même en Grece : il n’y a que les freres qui s’appellent ainsi ; car on nomme ceux qui sont prêtres, Jéromonaques, Hieromonachi, Ἱερομοναχοί.

Les Turcs donnent aussi quelquefois le nom de caloyers à leurs dervis ou religieux. Voyez Dervis.

* Les religieuses caloyeres sont renfermées dans des monasteres, ou vivent séparément chacune dans leur maison. Elles portent toutes un habit de laine noire, & un manteau de même couleur ; elles ont la tête rasée, & les bras & les mains couvertes jusqu’au bout des doigts : chacune a une cellule séparée, & toutes sont soumises à une supérieure ou à une abbesse. Elles n’observent cependant pas une clôture fort réguliere, puisque l’entrée de leurs couvens, interdite aux prêtres Grecs, ne l’est pas aux Turcs qui y vont acheter de petits ouvrages à l’aiguille faits par ces religieuses. Celles qui vivent sans être en communauté, sont pour la plûpart des veuves, qui n’ont fait d’autre vœu que de mettre un voile noir sur leurs têtes, & de dire qu’elles ne veulent plus se marier. Les unes & les autres vont partout où il leur plaît, & joüissent d’une assez grande liberté à la faveur de l’habit religieux. (G)

CALPÉ, s. f. (Hist. anc.) course de jumens introduite & peu de tems après proscrite par les Eléens dans leurs jeux : elle consistoit, selon Pausanias, à courre avec deux jumens, dont on montoit l’une, & l’on menoit l’autre en main ; sur la fin de la course on se jettoit à terre, on prenoit les jumens par leurs mords, & l’on achevoit ainsi sa carriere. Amasée, dans sa version Latine de Pausanias, s’est trompé en rendant κάλπη, par carpentum, chariot, puisque dans l’auteur Grec il ne s’agit nullement d’une course de chars, mais d’une course de jumens libres & sans aucun attelage. Budé tire du Grec κάλπη, l’étymologie de nos mots François galop & galoper. En effet de κάλπη ou κάλπα, les Grecs ont fait καλπᾶν & καλπάζειν. Les Latins ont dit calpare & calupere, d’où nous avons formé galop & galoper. Mém. de l’Académie des B. L. tom. VIII. (G)