L’Encyclopédie/1re édition/CALATRAVA

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 541).
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CALATRAVA, (Géog.) ville d’Espagne dans la nouvelle Castille, sur la riviere de Guadiane, près de la Sierra-Morena, dans un pays nommé Campo di Calatrava. Long. 14. 20. lat. 39. 8.

Calatrava, (Hist. mod.) ordre militaire en Espagne, institué en 1158 par Sanche III. roi de Castille. Les historiens en rapportent l’origine, à ce que ce prince ayant conquis sur les Mores le château de Calatrava, qui étoit alors une forteresse importante, il en confia d’abord la garde aux Templiers, qui ne pouvant défendre cette place, la lui rendirent. Ils ajoûtent, qu’à la sollicitation de Diego Velasquez, moine de Citeaux, & homme de condition, Raimond, abbé de Fitero, l’un des monasteres du même ordre, obtint du roi la permission de défendre Calatrava, & s’en acquita très-bien contre les Mores ; que plusieurs de ceux qui l’avoient accompagné dans cette entreprise, prirent l’habit de l’ordre de Citeaux, sans toutefois renoncer aux exercices militaires. De là, dit-on, se forma l’ordre de Calatrava, qui s’étant beaucoup augmenté sous le regne d’Alphonse le Noble, fut d’abord approuvé par le pape Alexandre III. en 1164, & confirmé par Innocent III. en 1198, & ensuite gouverné par des grands maîtres, dont le premier fut Don Garcias Redon : mais sous Ferdinand & Isabelle, la grande maîtrise fut réunie à la couronne de Castille en 1489. Le premier habit de ces chevaliers étoit la robbe & le scapulaire blanc comme les religieux de Citeaux, & ils ne pouvoient pas se marier : mais les papes les ont dispensés de ces deux regles ; & les quatre-vingts commanderies que cet ordre possede en Espagne, sont ordinairement tenues par des gens mariés. Leurs armes sont d’or à la croix fleurdelisée de gueules. accostée en pointe de deux entraves ou menotes d’azur ; & les chevaliers portent de même sur l’estomac une croix rouge, qui est la marque de leur ordre. (G)