L’Encyclopédie/1re édition/BRAZER

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 407-408).
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* BRAZER, en terme de Serrurier, Coutelier, & autres ouvriers en fer, c’est unir deux pieces de fer avec du cuivre. On braze dans les occasions sur-tout où la crainte de gâter les formes d’une piece rompue, empêche de la souder. Pour brazer, il faut ajuster les pieces à brazer le plus exactement qu’on pourra, de maniere qu’elles ne vacillent point, parce que si elles s’ébranloient, elles se déplaceroient & ne se brazeroient pas où l’on veut ; c’est pourquoi on les lie avec de petits fils de fer ; après quoi on prend du laiton ou de la mitraille la plus jaune & la plus mince que faire se peut ; on la coupe par petites bandes, que l’on met autour des pieces qu’on veut brazer, on les couvre avec du papier ou du linge qu’on lie avec un fil ; alors on prend de la terre franche qui soit un peu sablonneuse, car autrement elle pourroit fondre & couler : s’il arrivoit que la terre fût trop grasse, on y mêleroit du sable & de l’argile, & de l’écaille de fer, avec un peu de fiente de cheval & de bourre ; puis on la bat avec un bâton, & on la détrempe avec de l’eau claire en consistance de pâte ; plus elle sera battue, mieux elle vaudra. On en couvre l’ouvrage accommodé comme nous avons dit ci-dessus, de l’épaisseur de 2, 3, 4, 5, 6 lignes ou davantage, suivant la grosseur des pieces à brazer. Ainsi couvert, on le mouille avec de l’eau, puis on met de l’écaille de fer par-dessus ; cela fait on le met dans le feu, & & on le chauffe doucement. Quand on voit la terre rouge, on le tourne & retourne doucement dans le feu, & on chauffe encore un espace de tems, toûjours tournant & retournant à plusieurs reprises, de peur qu’il ne chauffe trop d’un côté : on chauffe jusqu’à ce qu’on apperçoive une fumée bleue qui s’échappe de la terre ; on est sur-tout exact à tourner & retourner lorsqu’on voit la flamme bleue violette, car c’est une marque que le laiton est fondu. On chauffe encore un peu, afin que la fusion du laiton soit parfaite, & qu’il coule également par tous les endroits nécessaires. On ôte ensuite l’ouvrage du feu, & on le tourne & retourne doucement sur l’enclume pour faire aller le laiton par-tout, jusqu’à ce que l’ouvrage soit un peu refroidi, & qu’il soit à présumer que le laiton ne coule plus ; sans cette précaution il se trouveroit plus épais en un endroit qu’en un autre. On laisse refroidir l’ouvrage sous la terre, & l’on ne songe à le découvrir que quand on peut facilement y appliquer la main. Cette façon est commune à toutes les grosses pieces.

Pour les petites, on les pourra brazer sans les couvrir de terre, prenant du laiton, le mettant sur la piece, la mouillant avec de l’eau claire, & y répandant du borax en poudre ; après quoi on la fera sécher doucement contre le feu ; car si on l’approchoit d’un trop grand feu en commençant, l’eau venant à s’échauffer & à bouillir, elle jetteroit le laiton & le borax hors de sa place.