L’Encyclopédie/1re édition/BRABEUTE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 390).
◄  BRABANT
BRABORG  ►

BRABEUTE, s. m. (Hist. anc.) du Grec βραϐεὺς, qui signifie distributeur du prix, nom d’un officier public chez les Grecs, qui présidoit aux jeux solennels, & sur-tout aux jeux sacrés. Cette charge, qui étoit une espece de magistrature, pour juger de ceux qui remportoient le prix à la course, la lutte, &c. étoit fort considérable, non-seulement chez les Grecs, mais encore parmi les Perses. Les rois eux-mêmes l’exerçoient, c’étoit au moins parmi les familles les plus considérables de la Grece, qu’on choisissoit ces arbitres. Philippe de Macédoine s’en étoit fait attribuer la qualité, & en commettoit les fonctions à un de ses officiers, lorsqu’il n’y pouvoit assister lui-même ; ce que Démosthenes regarde comme un attentat à la liberté des Grecs. Quand ces juges étoient sur le point d’exercer leur charge, on les faisoit entrer pour quelque tems dans un petit enclos, où on leur faisoit prêter serment, qu’ils jugeroient avec impartialité ; cette formalité achevée, ils en sortoient la couronne sur la tête, revêtus d’un habit de pourpre, portant à la main une baguette pour marque de leur autorité, & alloient s’asseoir a une place distinguée, qu’on nommoit πλέθρον, qui étoit regardée comme un asyle inviolable : de-là, par une loi de Lycurgue, ils prononçoient leurs jugemens avec un pouvoir absolu, décernoient des peines contre les athletes qui s’étoient mal comportés, & des récompenses aux vainqueurs. Les prix qu’ils distribuoient s’appelloient βραϐεῖα, & les couronnes θεμίπλεϰτος, pour marquer que c’étoit Thémis elle-même ou la déesse de la justice, qui les avoit pliées & formées de ses propres mains. Le nombre des brabeutes n’étoit point fixé ; quelquefois il n’y en avoit qu’un, mais plus ordinairement on en comptoit sept ou neuf. Ce sont les mêmes qu’on appelloit athlothetes-époptes, c’est-à-dire, juges & inspecteurs des athletes. Voyez Athlothete & Époptes. (G)