L’Encyclopédie/1re édition/BOUC

BOUC, s. m. hircus. (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede, dont la femelle est appellée chevre, capra. Voyez Chevre. Les Latins donnoient aussi le nom de caper au bouc lorsqu’il avoit été coupé ; c’est de ces deux derniers noms qu’a été dérivé celui du genre auquel on a rapporté ces animaux, caprinum genus.

Le bouc differe du bélier en ce qu’il est couvert de poil & non pas de laine ; que ses cornes ne sont pas autant contournées que celles du bélier ; qu’il a une sorte de barbe au menton, & qu’il répand une mauvaise odeur. Ray, Anim. quad. synop. Voyez Quadrupede. (I)

* Le bouc pour être bon à la chevre doit avoir le corps grand, les jambes grosses, le cou charnu & court, la tête petite, le poil noir, épais & doux, les oreilles grandes & pendantes, la barbe longue & touffue ; s’il a des cornes, il sera pétulent, dangereux, & n’en sera pas meilleur.

Il ne lui faut donner des chevres qu’à un an ou deux, & ne lui en plus donner au-delà de quatre ou cinq ; mais il peut servir pendant deux mois à cent cinquante chevres. Quand on l’occupe, il le faut bien nourrir, & lui donner sept à huit bouchées de son & de foin à manger, lorsqu’il a sailli une fois ; on lui donne la même chevre jusqu’à trois fois, afin de s’assûrer qu’elle est pleine.

Lorsqu’on ne le destine pas à multiplier, on le châtre à six mois ou un an. Voyez Chevreau. Voyez aussi Chevre.

On mange rarement le bouc, à cause de son odeur & de son goût desagréable.

La graisse de bouc passe pour un très-bon émollient. Hippocrate la recommande comme telle dans un pessaire.

Dioscoride a donné la composition d’un topique très-salutaire selon lui, contre la goutte, & qu’il fait avec parties égales de graisse de bouc, & de celle de chevre, mêlées avec un peu de safran. (N)

* Les peaux de bouc font une partie assez considérable du commerce des cuirs ; les Maroquiniers, les Chamoiseurs & les Mégissiers, les préparent en maroquin, en chamois ou en mégie, & les mettent en état d’être employées à différens usages. Le suif de bouc n’est pas non plus à négliger.

* Boucs. (Myth.) Les habitans de Mendés en Egypte, avoient une grande vénération pour les boucs. Les Egyptiens en général n’en immoloient point, par respect pour Pan à la tête & aux pieds de bouc. Ils adoroient sous ce symbole la nature féconde. Les Grecs sacrifioient le bouc à Bacchus. C’étoit la monture ordinaire de la Vénus populaire.

* Bouc, s. m. On donne ce nom dans les machines hydrauliques à une espece de poulie garnie de cornes de fer, qui font monter & descendre une chaîne sans fin. C’est par le moyen d’un bouc que les eaux sont élevées du puits salé de Moyenvic. Voyez les Planches de Saline.

* Bouc, s. m. On donne aussi ce nom dans les grosses forges à une grande roue à eau, traversée par un arbre qu’elle fait mouvoir, & telle que celle qu’on voit en M, Planche II. fig. 1. des grosses forges.