L’Encyclopédie/1re édition/BOMBARDE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 315-316).

BOMBARDE, s. f. (Artillerie.) piece d’artillerie dont on se servoit autrefois, qui étoit grosse & courte avec une ouverture fort large. Quelques-uns l’ont appellée basilic.

Il y en a qui dérivent ce mot par corruption de Lombarde, croyant qu’elle est venue de Lombardie. Du Cange après Vossius, le dérive de bombus & ardeo ; Menage, de l’Allemand bomberden, le pluriel de bomber, baliste : mais je doute que les Allemands ayent jamais connu ce mot. Il est assez ordinaire à Menage, & à plusieurs autres étymologistes, de donner des étymologies de mots qu’ils ont eux-mêmes forgées.

Il y a eu des bombardes qui ont porté jusqu’à 300 livres de balle. Froissart fait mention d’une de ces pieces, qui avoit cinquante piés de long. On se servoit de grues de charpente pour les charger. On croit que les bombardes étoient en usage avant l’invention du canon. Voyez Canon.

Le P. Daniel croit qu’on donna d’abord le nom de bombarde à toutes les armes à feu, & que ce nom vient du Grec βόμϐος, qui signifie le bruit que ces armes font en tirant. (Q)

Bombarde, (Luth.) jeu d’orgue de la classe de ceux qu’on appelle jeu d’anche, voyez Trompette ; & dont la bombarde ne differe que parce qu’elle sonne l’octave au-dessous, étant d’un plus grand diapason. Voyez la table du rapport des jeux de l’orgue. Il y a des orgues où les basses de ce jeu sont en bois ; alors les tuyaux ont la forme représentée dans la fig. 5. Pl. d’Orgue. Ceux des dessus & des tailles sont faits comme ceux de la trompette, & sont d’étain fin, ainsi que les basses, si on ne les fait point en bois.

Ordinairement on place la bombarde sur un sommier séparé ; car comme ce jeu consomme beaucoup de vent, il altéreroit les autres. Voyez Orgue, où on explique la facture & les proportions des parties de ce jeu.