L’Encyclopédie/1re édition/BOICININGA

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 295).
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* BOICININGA, (Hist. nat.) en Portugais cascavel, c’est un grand serpent du Bresil, qui a quatre ou cinq piés de long ; il est de la grosseur du bras, sa couleur est d’un rouge tirant sur le jaune ; sa tête est longue & mince & sa langue fourchue : il a de petits yeux, mais ses dents sont longues & pointues. On voit attaché à sa queue vers l’extrémité, un corps parallelepipede, de trois à quatre doigts de long, large d’un demi-doigt, & composé de petits chaînons entrelacés les uns avec les autres, secs, unis, luisans, de couleur cendrée, tirant sur le rouge. Ce corps croit à chaque année d’un anneau ou chaînon ; il fait le même bruit qu’une sonnette : il annonce de loin la présence du serpent qui se tient dans les chemins écartés. Il est fort venimeux & attaque les passans ; les Indiens, à ce qu’on prétend, portent pour s’en garantir au bout d’un bâton un morceau de la racine dite vipérine, dont l’odeur arrête sa furie. On prépare un remede singulier contre sa morsure ; c’est son fiel imbibé dans une quantité convenable de chaux réduite en poudre ou de farine de maïs. On dit que ce fiel est de couleur d’azur & si spiritueux, qu’il s’évapore & disparoît à l’air. On ajoûte que la vésicule en est vuide en été ; d’où l’on conjecture qu’elle est portée aux gencives de l’animal & qu’elle est la source de son poison. On raconte de la virulence de ce poison des choses étonnantes ; comme de se transmettre à travers le bois & le fer, & de rendre dangereux l’attouchement des corps que le serpent a mordus.