L’Encyclopédie/1re édition/BLENDE

BLENDE, (Minéralogie.) ce mot est Allemand : on s’en sert dans les mines pour désigner an minéral qui n’est bon à rien ; on l’appelle en Latin pseudo-galena , galena inanis, mica. Henckel, dans sa Pyritologie, dit que c’est une pierre martiale, stérile, composée de parties arsénicales, & d’une terre qui résiste à l’action du feu. Il y entre aussi du soufre. On la trouve sur-tout dans les mines de plomb & d’argent. Hoffmann regarde les blendes comme la matrice de ces métaux. Il y en a de plusieurs especes & couleurs ; les plus ordinaires sont noires, luisantes, & ressemblantes à la mine de plomb, quoi qu’elles ne soient point si brillantes ; on les appelle sterile nigrum, & en Allemand pech blende. Il y en a, outre cela, de brunes, de rouges, de jaunes, de cendrées, & de blanchâtres. Celles qui sont jaunes ou de couleur d’or, se nomment katsen gold, or de chat ; celles qui sont blanches s’appellent katsen silber, argent de chat. A la simple inspection & au poids, on est tenté de croire que ce minéral contient du métal : mais il ne s’y en trouve jamais que peu ou point du tout. Ces blendes déplaisent souverainement aux Fondeurs ; car non-seulement elles ne fournissent rien de bon, mais elles sont affamées des autres minéraux, & les rendent réfractaires. Le savant M. Pott a fait une dissertation très-étendue sur ce minéral.

Nonobstant toutes ces mauvaises qualités des blendes, M. Marggraf a observé qu’il s’en trouve quelquefois qui contiennent une terre métallique propre à produire du zinc, & M. Pott a remarqué le premier que le cuivre mêlé avec la pseudo-galene ou blende pulvérisée, & des charbons pilés mis au creuset, prenoit une couleur fort approchante de celle du laiton ; d’où il conclut que la blende a de l’affinité avec la pierre calaminaire.

M. Marggraf a poussé ses recherches plus loin, & a tiré du zinc d’une espece de blende choisie, qui venoit de Freyberg en Saxe. Voici comme il en donne le procédé : il faut la purifier de la pyrite arsénicale jaune qui y est attachée, & après l’avoir pulvérisée on la brûle petit-à-petit, en observant de pousser le feu sur la fin de l’opération, ce qu’on continue pendant plusieurs heures, jusqu’à ce qu’on ne sente plus aucune odeur, & que la matiere ait perdu tout brillant ; la blende ainsi brûlée, on en prend quatre onces mêlées avec deux drachmes de charbon ; on met ce mêlange au feu dans des vaisseaux fermés ; on aura de véritable zinc 6 à 8 grains, & autour de 4 à 5 grains de fleurs de zinc.

« Ou bien on prend la même quantité de blende brûlée ; on verse dessus 4 onces d’esprit de vitriol bien rectifié : le mêlange s’échauffe ; & la digestion, suivant la matiere du zinc, se mettra en solution avec quelques particules de fer ; il faut précipiter cette solution par une lessive de cendres gravelées jusqu’à ce qu’il n’aille plus rien au fond ; après que cette chaux aura été souvent édulcorée dans l’eau chaude & desséchée, vous en prendrez un peu plus de 3 drachmes ; vous les mêlerez avec une demi-drachme de charbon ; vous y joindrez 2 drachmes & 2 scrupules de petites lames de cuivre, arrangeant le tout couche sur couche dans le creuset, que vous couvrirez de poussiere de charbon, & que vous mettrez au feu de fusion ; après quoi, quand tout sera refroidi, vous trouverez le plus beau laiton. Si vous le voulez aussi, ce précipité mis dans des vaisseaux fermés de la maniere susdite, peut être réduit en zinc ». Voyez Zinc.

Ces deux procédés sont de M. Marggraf, & se trouvent dans le 11. vol. des Mémoires de l’Académie royale de Prusse, année 1748, à la fin d’un mémoire sur le zinc du même auteur. (—)