L’Encyclopédie/1re édition/BEZESTAN

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 220).
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BEZESTAN, s. m. (Commerce.) on nomme ainsi à Andrinople, & dans quelques autres principales villes des états du grand-Seigneur, les lieux où les marchands ont leurs boutiques, & étalent leurs marchandises. Chaque sorte de marchand a le sien ; ce qui s’entend aussi des ouvriers qui travaillent tous dans le même endroit. Ce sont ordinairement de grandes galeries voûtées, dont les portes se ferment tous les soirs. Quelquefois les concierges ou gardiens de ces bezestans, répondent des marchandises pour un droit assez modique qu’on leur paye pour chaque boutique.

Les bezestans d’Andrinople sont très-beaux, surtout celui où se vendent les étoffes, & un autre où sont les boutiques des cordonniers.

A Constantinople on donne le même nom, ou celui de bezestin, à des especes de halles couvertes, où se vendent les plus riches & les plus précieuses marchandises.

Il y a deux bezestins dans cette capitale de l’empire Ottoman ; le vieux & le nouveau : le vieux a été bâti en 1461, sous le regne de Mahomet II. Il y a peu de marchandises fines : on y vend des armes, & des harnois de chevaux assez communs.

Le Bezestin neuf est destiné pour toutes sortes de marchandises ; on n’y voit guere cependant que les marchandises les plus belles & les plus riches, comme de l’orfévrerie, des fourrures, des vestes, des tapis, & des étoffes d’or, d’argent, de soie, & de poil de chevre. Les pierres précieuses & la porcelaine n’y manquent pas non plus.

Ce dernier, qu’on nomme aussi le grand bezestin, est bâti en rond, tout de pierre de taille : il y a quatre portes, qui ne sont ouvertes que pendant le jour ; on y enferme pendant la nuit des gardes pour la sûreté des boutiques. Chaque corps de métier a sa place assignée, hors de laquelle personne ne peut vendre, ni même exposer en vente les mêmes sortes de marchandises. C’est dans ce bezestin que les marchands François, Anglois, Hollandois, ont leurs boutiques de draperie.

Les marchandises sont en grande sûreté dans ces lieux, & les portes en sont fermées de bonne heure. Les marchands Turcs qui y ont des boutiques, vont coucher chez eux dans la ville : pour les marchands Chrétiens ou Juifs, ils se retirent au-delà de l’eau, & reviennent le lendemain matin. Voyez Bazar. (G)