L’Encyclopédie/1re édition/BEY, ou BEG

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 219).
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BEY, ou BEG, s. m. (Hist. mod.) est le gouverneur d’un pays ou d’une ville dans l’empire des Turcs : les Turcs écrivent begh ou be ; mais ils prononcent bey, qui signifie proprement seigneur, & s’applique en particulier suivant l’usage à un seigneur d’un étendart qu’ils appellent dans la même langue sangiakbeg ou bey : sangiasek, qui chez eux signifie étendart ou banniere, marque de celui qui commande en quelque partie considérable d’une province, & qui a un grand nombre de spahis ou de cavalerie sous ses ordres.

Chaque province de Turquie est divisée en sept sangiacis ou bannieres, dont chacune qualifie un bey, & tous ces beys sont commandés par le gouverneur de la province, que l’on appelle aussi beghiler, beghi, ou beyler bey, c’est-à-dire, seigneur des seigneurs ou beys de la province. Voyez Begler-Beg. Ces beys ont beaucoup de rapport aux bannerets que l’on avoit autrefois en Angleterre : le bey de Tunis en est le prince ou le roi ; & ce titre équivaut à ce que l’on appelle à Alger le dey.

Dans le royaume d’Alger, chaque province est gouvernée par un bey ou vice-roi, que le souverain établit & dépose à son gré ; mais dont l’autorité dans son département est despotique, & qui dans la saison de recueillir le tribut des Arabes, est assisté d’un corps de troupes qui lui est envoyé d’Alger. Voyages de Shaw.