L’Encyclopédie/1re édition/BELOMANTIE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 199).
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BELOMANTIE, s. f. (Divination.) espece de divination qui se faisoit avec des fleches ; du Grec βέλος, arme de jet, dard, fleche, &c. & μαντεία, divination. Elle étoit fort en usage chez les Orientaux pour prendre les augures, surtout avant que de commencer les expéditions militaires. « Le roi de Babylone, dit Ezéchiel en parlant de Nabuchodonosor, s’est arrêté à la tête des deux chemins ; il a mêlé des fleches dans un carquois pour en tirer un augure de la marche qu’il doit prendre. Le sort est tombé sur Jerusalem, & lui a fait prendre la droite ». D’où il s’ensuit que la belomantie se pratiquoit de cette sorte. Celui qui vouloit tirer un augure sur son entreprise prenoit plusieurs fleches, sur chacune desquelles il écrivoit un mot relatif à son dessein & pour ou contre ; il brouilloit ensuite & confondoit ces fleches dans un carquois ; & la premiere qu’il tiroit le décidoit, suivant ce qu’elle portoit écrit. Le nombre des fleches n’étoit pas determiné ; quelques-uns le font monter à onze : mais Pocockius, dans son Essai sur l’histoire des Arabes, remarque que ces peuples, dans une espece de divination semblable à la belomantie, & qu’ils nomment alazalam, n’employent que trois fleches ; l’une sur laquelle ils ecrivent ces mots : le Seigneur m’a commandé ; sur la seconde ceux-ci : le Seigneur m’a empêché ; & ne marquent rien sur la troisieme. Si du vase où ils ont mis ces trois fleches ils tirent du premier coup la premiere ou la seconde, ç’en est assez pour leur faire exécuter le dessein qu’ils ont projetté, ou pour les en détourner. Mais si la troisieme leur tombe d’abord sous la main, ils la remettent dans le vase jusqu’à ce qu’ils en ayent tiré une des deux autres, afin d’être absolument décidés. Voy. Divination.

Il est encore mention dans le prophete Osée, ch. vj. d’une espece de divination qu’on faisoit avec des baguettes, & qui a plus de rapport à la rhabdomantie qu’à la belomantie. Voyez Rhabdomantie. Grotius & S. Jérôme confondent ces deux sortes de divinations, & prouvent que la belomantie eut lieu chez les Mages, les Chaldéens, les Scythes ; que ceux-ci la transmirent aux Sclavons, de qui les Germains la reçurent. (G)