L’Encyclopédie/1re édition/BADIANE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 11).
BADIGEON  ►

* BADIANE (Semence de) ou ANIS DE LA CHINE (Histoire nat. & mat. med.) c’est un fruit qui représente la figure d’une étoile ; il est composé de six, sept ou d’un plus grand nombre de capsules qui se réunissent en un centre comme des rayons ; elles sont triangulaires, longues de cinq, huit & dix lignes, larges de trois, un peu applaties & unies par la base. Ces capsules ont deux écorces, une extérieure, dure, rude, raboteuse, jaunâtre, ou de couleur de rouille de fer ; l’autre, intérieure, presqu’osseuse, lisse & luisante. Elles s’ouvrent en deux panneaux par le dos, lorsqu’elles sont seches & vieilles, & ne donnent chacune qu’un seul noyau lisse, luisant, applati, de la couleur de la graine de lin, lequel, sous une coque mince & fragile, renferme une amande blanchâtre, grasse, douce, agréable au goût, & d’une saveur qui tient de celle de l’anis & du fenouil, mais qui est plus douce. La capsule a le goût du fenouil, un peu d’acidité, & une odeur seulement un peu plus pénétrante. Ce fruit vient des Philippines, de la Tartarie & de la Chine ; l’arbre qui le porte s’appelle pansipansi ; son tronc est gros & branchu ; il s’éleve à la hauteur de deux brasses & plus. De ses branches sortent quinze feuilles alternes, rarement crenelées, pointues, longues d’un palme, & large d’un pouce & demi. Les fleurs sont, à ce qu’on dit, en grappes, grandes comme celles du poivre, & paroissent comme un amas de plusieurs chatons.

La semence de badiane donne de l’huile essentielle, limpide, subtile & plus pénétrante que celle d’anis ; elle en a les propriétés. Les Orientaux lui donnent la préférence ; elle fortifie l’estomac, chasse les vents & excite les urines. Les Chinois la mâchent après le repas ; ils l’infusent aussi, avec la racine de ninzin, dans l’eau chaude, & en boivent en forme de thé. Les Indiens en tirent aujourd’hui un esprit ardent anisé, que les Hollandois appellent anis arak, & dont on fait grand cas.