L’Encyclopédie/1re édition/BABEL

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* BABEL, (Hist. sacr. ant.) en Hébreu confusion, nom d’une ville & d’une tour dont il est fait mention dans la Genese, chap. ij. situées dans la terre de Sennaar, depuis la Chaldée, proche l’Euphrate, que les descendans de Noé entreprirent de construire avant que de se disperser sur la surface de la terre, & qu’ils méditoient d’élever jusqu’aux cieux : mais Dieu réprima l’orgueil puérile de cette tentative que les hommes auroient bien abandonnée d’eux-mêmes. On en attribue le projet à Nemrod, petit-fils de Cham : il se proposoit d’éterniser ainsi sa mémoire, & de se préparer un asyle contre un nouveau déluge. On bâtissoit la tour de Babel l’an du monde 1802. Phaleg, le dernier des patriarches de la famille de Sem, avoit alors 14 ans ; & cette date s’accorde avec les observations célestes que Callisthene envoya de Babylone à Aristote. Ces observations étoient de 1903 ans ; & c’est précisément l’intervalle de tems qui s’étoit écoulé depuis la fondation de la tour de Babel jusqu’à l’entrée d’Alexandre dans Babylone. Le corps de la tour étoit de brique liée avec le bitume. A peine fut-elle conduite à une certaine hauteur, que les ouvriers cessant de s’entendre, furent obligés d’abandonner l’ouvrage. Quelques auteurs font remonter à cet évenement l’origine des différentes langues : d’autres ajoûtent que les payens qui en entendirent parler confusément par la suite, en imaginerent la guerre des géans contre les dieux. Casaubon croit que la diversité des langues fut l’effet & non la cause de la division des peuples ; que les ouvriers de la tour de Babel se trouvant, après avoir bâti long-tems, toûjours à la même distance des cieux, s’arrêterent comme se seroient enfin arrêtés des enfans, qui croyant prendre le ciel avec la main, auroient marché vers l’horison ; qu’ils se disperserent, & que leur langue se corrompit. On trouve à un quart de lieue de l’Euphrate, vers l’orient, des ruines qu’on imagine, sur assez peu de fondement, être celles de cette fameuse tour.