L’Encyclopédie/1re édition/AZAZEL

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 910-911).
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AZAZEL. (Théolog.) Les interpretes de l’Ecriture, tant Juifs que Chrétiens, ne s’accordent pas entr’eux sur la signification de ce mot azazel, qui se trouve au chap. xvj. du Lévitique ; ce qui a fait que plusieurs ont retenu dans leurs versions de l’Ecriture le mot Azazel comme un nom propre. Quelques Rabins ont crû que c’étoit le nom de quelque montagne où le sacrificateur envoyoit le bouc dont il est parlé en ce lieu-là. Mais S Jérome traduit le mot azazel par caper emissarius, bouc émissaire, en suivant les Septante, qui en cet endroit ont traduit ἀποπομπαῖον dans ce même sens, comme l’expliquent Théodoret & S. Cyrille ; Aquilla & Symmaque ont aussi traduit, le bouc renvoyé, ou mis en liberté. Le Juif David de Pomis suit dans son Dictionnaire cette derniere interprétation. Il remarque seulement que, selon le sentiment de quelques auteurs, Azazel est le nom d’une montagne d’où l’on précipitoit le bouc qui servoit de victime en cette cérémonie. Grotius appuie aussi l’interprétation de la Vulgate, dans ses notes sur le chapitre xvj. du Lévitique, où il observe que ce bouc signifioit que les péchés qui avoient été expiés par la victime ne retournoient plus devant Dieu ; ce que les Juifs expliquent des péchés par lesquels on ne mérite ni la mort, ni la peine d’être retranché du peuple de Dieu. Bochart croit que le mot azazel est un mot purement Arabe, qui signifie éloignement, départ. Spencer conjecture que c’étoit un démon, & quand on envoyoit le bouc à azazel, cela marquoit qu’on l’abandonnoit au diable. Les Cablistes, & Julien l’apostat, ont été du même sentiment que Spencer. Origene n’en paroît pas éloigné. M. le Clerc croit qu’azazel signifie un précipice. Toutes ces conjectures sont assez mal établies : l’opinion la plus vraissemblable est celle qui dérive ce mot de hez, qui signifie un bouc, & d’azal, qui signifie il s’en est allé. Quand le grand-prêtre entroit dans le sanctuaire, ce qui ne lui étoit permis qu’une fois l’an, il prenoit deux boucs, qu’il présentoit à l’entrée du tabernacle ; il jettoit le sort pour voir lequel des deux seroit immolé au Seigneur, & lequel seroit mis en liberté : il mettoit sa main sur la tête de ce dernier ; il confessoit ses péchés & ceux du peuple, & prioit Dieu de faire tomber sur cet animal la peine qu’ils avoient méritée. Un homme destiné à cela, ou un prêtre, selon quelques interpretes, conduisoit le bouc dans un lieu désert & éloigné, le précipitoit, & le mettoit en liberté. Levit. xvj. Voyez Sam. Bochart, dans son Hieros. J. Spencer, de Legibus Hebraicis ritualibus. Dissertat. de capro emiss. D. Calmet sur le Levit. (G)