L’Encyclopédie/1re édition/AUVERGNE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 902-903).
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* AUVERGNE (Géographie.) province de France d’environ quarante lieues du midi au septentrion, & trente de l’orient à l’occident, bornée au nord par le Bourbonnois ; à l’orient par le Forès & le Vélai ; à l’occident par le Limosin, le Quercy & la Marche ; & au midi par le Rouergue & les Cevennes : elle se divise en haute & basse ; celle-ci se nomme la Limagne. Ses rivieres sont l’Allier, la Dordogne & l’Alagnon. Ses principales montagnes, le Puy-de-dome, le mont d’Or & le Cantal. Clermont est la capitale de toute la province : quant à son commerce, les gros bestiaux en font la principale partie ; ils enrichissent la haute Auvergne, d’où ils passent dans les provinces voisines, & même en Espagne. Les Auvergnats sortent de leur province & se répandent par-tout, où ils se louent à toutes sortes de travaux ; ils font principalement la chaudronnerie. Il y a en Auvergne d’excellentes papeteries : il s’y fait quelques étoffes : on connoît ses fromages. Les meilleurs haras de mules & de mulets sont à la Planche, canton de l’Auvergne situé entre Saint-Flour & Murat. Les autres parties de son commerce sont en bois de sapin, en charbon de terre, en pommes de reinette & de calville, en cires, en colles fortes, en suifs, en noix, en huile de noix & en toiles de chanvres.

Clermont peut être regardé comme le marché général de l’Auvergne ; on s’y fournit d’étoffes, d’habits, de dentelles, &c. On y prépare des cuirs ; on y fait des confitures d’abricots & de pommes ; on y travaille des burats, des étamines & des serges. Aurillac fournit des fromages. Il y a des manufactures de points. Il se tient à Saint-Flour des foires considérables. Il s’y vend des mules & des mulets : c’est le grenier des seigles du pays ; on y fait des couteaux, des rasoirs, des ciseaux, des raz & des serges, & l’on y prépare des cuirs. Les cartes, le papier, la coutellerie & le fil à marquer font le trafic de Thiers. C’est le même commerce à Ambert, où l’on fabrique des raz & des étamines, mais surtout du papier à la beauté duquel on prétend que les eaux contribuent beaucoup. Tout le monde connoît les tapisseries d’Aubusson. Bessé est l’entrepôt des blés, des vins & des fromages qu’on tire de la Limagne. Il y a à Riom, à Maringues, à Anjan & à Chaudes-Aigues, des tanneries. Il se fait à Aurillac des étamines burattées ; à Brioude, des serges ; à Felletin, des tapisseries de haute-lisse ; à Riom, Murat, Mauriac, &c. de grosses étoffes ; & des points, à la Chaise-Dieu, à Allange, &c.

Auvergne (jeu. de l’homme d’) ce jeu a un grand rapport à celui de la triomphe ; on peut y joüer depuis deux jusqu’à six. Le jeu de cartes en contient jusqu’à trente-deux : mais si l’on ne joue que deux ou trois, il ne sera que de vingt-huit, parce qu’on levera les sept. Les cartes conservent leur valeur ordinaire, après que l’on a vû à qui fera, celui qui est à mêler fait couper le joüeur de sa gauche, & donne à chacun cinq cartes par deux & trois, & en prend autant pour lui, il tourne la carte qui est dessus le talon, & qui sert de triomphe ; alors chacun voit s’il peut joüer avec son jeu, sinon il passe, comme à la bête. Si personne n’a assez beau jeu pour joüer dans la couleur retournée, on se réjoüit en ce cas, & jusqu’à trois fois, si les deux premieres cartes retournées n’ont pû accommoder les joüeurs. Il faut faire trois mains pour gagner, & deux premieres, quand elles sont partagées entre les joüeurs. Lorsque le jeu de cartes est reconnu faux, on refait, & les coups précédens sont bons, & même celui où on l’auroit reconnu tel, s’il étoit fini. Celui qui donne mal perd un jeu & remêle ; si en mêlant il se trouve quelque carte retournée, on refait : celui qui retourne un roi pour triomphe, gagne un jeu pour ce roi, & autant pour tous ceux qu’il a dans la main ; tous les joüeurs ont le même avantage : celui qui joue avant son tour perd un jeu au profit du jeu : celui qui renonce perd la partie ; le sens de ce terme, en ce cas, est qu’il n’y peut plus prétendre : celui qui fait joüer & perd, démarque un jeu au profit de celui qui gagne : celui qui a en main le roi de la couleur retournée en réjoüissance, a le même droit que celui qui l’a de la premiere tourne, & marque un jeu pour ce roi, & un pour chaque autre qu’il auroit encore, pourvû néanmoins qu’il n’eût pas eu dans son jeu le roi de la triomphe précédente dans le même coup pour lequel il auroit déjà marqué.

S’il arrive que l’un des joüeurs, après s’être réjoüi, vienne à perdre en joüant le roi de la premiere triomphe, soit que l’on lui coupât ou autrement, celui qui feroit cette levée gagneroit une marque sur celui qui l’auroit jetté, & ainsi des autres rois pour lesquels on gagne des jeux.