L’Encyclopédie/1re édition/AUGUSTE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 877).

AUGUSTE, adj. (Hist. anc.) nom de dignité donné aux empereurs romains, selon quelques-uns, du mot augeo, parce qu’ils augmenterent la puissance Romaine. Octavien le porta le premier, & il fut adopté par ses successeurs, comme on le voit marqué sur les médailles par cette lettre A, ou par celles-ci AVG. les impératrices participoient aussi à ce titre dans les médailles & les autres monumens publics, telles que les médailles d’Helene, mere du grand Constantin, qui portent cette legende, FL. IVL. HELENA AVG. Marc Aurele fut le premier qui partagea le titre d’auguste avec L. Aurelius-Verus son collegue. Auguste honora de ce nom les principales colonies qu’il établit dans les villes des Gaules pendant le séjour qu’il y fit, & en particulier la ville de Soissons, qu’on trouve nommée dans des inscriptions Augusta Suessionum.

Les collegues des empereurs & leurs successeurs, désignés ou associés à l’empire, étoient d’abord créés Césars, puis nommés Augustes. Le P. Pagi soûtient, contre presque tous les auteurs, que la gradation se faisoit de cette derniere qualité à la premiere : mais M. Fléchier observe avec plus de fondement, comme une chose qui n’avoit point encore eu d’exemple, que l’empereur Valentinien proclama son frere Valens Auguste, avant que de l’avoir créé César.

A l’exemple des Romains, les nations modernes ont donné à leurs souverains & à leurs reines le surnom d’auguste. On voit par d’anciennes médailles ou monnoies, que Childebert, Clotaire, & Clovis ont porté ce nom ; & Crotechilde, femme du dernier, est appellée dans le livre des miracles de S. Germain, tantot regina, & tantôt augusta. Dans notre histoire Philippe II. est connu sous le titre de Philippe Auguste. (G)

Auguste, Histoire auguste, histoire des empereurs de Rome depuis Adrien & l’an de grace 157 jusqu’en 285, composée par six auteurs Latins, Ælius Spartianus, Julius Capitolinus, Ælius Lampridius, Vulcatius Gallicanus, Trebellius Pollio, & Flavius Vopiscus. Vid. Fabric. Bibl. lat. c. vj. (G)

Auguste, papier auguste, (Hist. anc.) nom donné par flatterie pour l’empereur Auguste, à un papier très-beau & très-fin qu’on fabriquoit en Egypte, & qu’on appelloit anciennement charta hieratica, papier sacré, parce qu’on n’y écrivoit que les livres sacrés & qui regardoient la religion. On l’appella depuis, par adulation, charta augusta. Les feuilles de ce papier, qui avoient passé pour les meilleures, perdirent enfin le rang qu’elles avoient tenu. Elles avoient treize doigts de large, & étoient si délicates qu’à peine pouvoient-elles soûtenir le calamus ; l’écriture perçoit de maniere que les lignes du verso paroissoient presqu’une rature du recto : elles étoient d’ailleurs si transparentes, que cela faisoit un effet désagréable à la vûe. L’empereur Claude en fit faire de plus épaisses & de plus fortes ; le papier auguste ne servit plus que pour écrire des lettres missives. Dom Montfauc. mém. de l’Acad. (G)