L’Encyclopédie/1re édition/ASTATHIENS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 776).

ASTATHIENS, s. m. pl. (Théol.) hérétiques du neuvieme siecle, & sectateurs d’un certain Sergius, qui avoit renouvellé les erreurs des Manichéens. Ce mot est dérivé du Grec, & formé d’ privatif sans, & d’ἴστημι, sto, je me tiens ferme ; comme qui diroit variable, inconstant ; soit parce qu’ils ne s’en tenoient pas à la foi de l’Eglise, soit parce qu’ils varioient dans leur propre créance. Ces hérétiques s’étoient fortifiés sous l’empereur Nicephore qui les favorisoit : mais son successeur Michel Curopalate les réprima par des édits extrèmement séveres. On conjecture qu’ils étoient les mêmes que ceux que Theophane & Cedrene appellent anthiganiens, parce que Nicephore & Curopalate tinrent chacun à l’égard de ceux-ci la conduite dont nous venons de parler. Le P. Goar dans ses notes sur Theophane à l’an 803, prétend que ces troupes de vagabonds connus en France, sous le nom de Bohemiens ou d’Egyptiens, étoient des restes des astathiens. Son opinion ne s’accorde pas avec le portrait que Constantin Porphyrogenete & Cedrene nous ont fait de cette secte, qui née en Phrygie, y domina, & s’étendit peu dans le reste de l’empire, & qui joignant l’usage du baptême à la pratique de toutes les cérémonies de la loi de Moyse, étoit un mêlange absurde du Judaïsme & du Christianisme. (G)