L’Encyclopédie/1re édition/ARRIERE-POINT

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 710).

ARRIERE-POINT, s. m. maniere de coudre que les Couturieres employent aux poignets des chemises, aux surplis, & sur tous les ouvrages en linge où il s’agit de tracer des façons ou des desseins. Pour former l’arriere-point on commence par séparer avec la pointe de l’aiguille un des fils de la toile qu’on arrache sur toute la longueur où l’on veut former des arriere-points ; quand ce fil est arraché, on apperçoit les fils de la chaîne seuls, si c’est un fil de trame qu’on a arraché ; & les fils de la trame seuls, si c’est un fil de chaîne : on passe l’aiguille en-dessus ; on embrasse en-dessous trois fils de chaîne ou de trame ; on revient repasser ensuite son aiguille en-dessus dans le même endroit, & l’on embrasse en-dessous les trois premiers fils & les trois suivans ; on repasse son aiguille en-dessus, entre le troisieme & le quatrieme de ces six fils ; l’on continue d’embrasser en-dessous les trois derniers fils avec les trois suivans, & de repasser son aiguille en-dessus, entre le troisieme & le quatrieme des six derniers fils embrassés ; & à chaque fois on forme ce qu’on appelle un arriere-point. Si l’on n’eût embrassé d’abord que deux fils, on eût fait des arriere-points de deux en deux fils, mais l’opération eût été la même. Si l’on veut que les arriere-points aillent en zig-zag, on n’arrache point de fil : mais on compte ceux de la trame ou de la chaîne, car cela dépend du sens dans lequel on travaille la toile ; & l’on opere comme dans le cas où le fil est arraché, laissant à droite ou à gauche autant de fils que le demande le dessein qu’on exécute, & embrassant avec son aiguille autant de fils perpendiculaires aux fils laissés, qu’on veut donner d’étendue à ses arriere-points. Mais il faut observer dans le cas où les arriere-points sont en ligne droite, & où l’on arrache un fil, d’arracher un fil de chaîne ou un fil parallele à la lisiere, préférablement à un fil de trame, les points en seront plus étroits & plus serrés : ce qui n’est pas difficile à concevoir ; car la trame paroissant toûjours moins que la chaîne, la matiere qu’on y employe est moins belle & plus grosse ; d’où il arrive que l’espace que laisse un fil de cette matiere, arraché, est plus grand & plus large.