L’Encyclopédie/1re édition/ARMURIER

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 699).
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ARMURIER, s. m. celui qui faisoit autrefois les armes défensives dont les gens de guerre se couvroient, telles que le heaume ou le casque, le gorgeron, la cuirasse, les brossards, les cuissarts, le morion, le hausse-col, &c. On confond aujourd’hui l’armurier avec l’arquebusier ; il est cependant évident que l’armurerie & l’arquebuserie sont deux professions fort différentes ; & que l’une subsistoit dans toute sa vigueur, que l’autre n’étoit pas encore établie. Les armuriers s’appelloient aussi heaumiers du heaume ou casque ; leur communauté étoit nombreuse ; leurs premiers statuts sont de 1409, sous le regne de Charles VI. ils furent renouvellés en 1562 sous Charles IX. en voici les principaux articles.

1. Ils auront quatre jurés, dont deux seront élûs chaque année ; ces jurés veilleront à l’exécution des reglemens & à la conservation des priviléges. 2. Chaque maître ne fera qu’un apprenti à la fois, qui sera obligé par-devant Notaire & recû par les jurés. 3. L’apprentissage sera de cinq ans ; les fils de maître n’en seront pas exempts ; ils auront seulement le droit de faire apprentissage chez leur pere ; & les peres, celui d’avoir un autre apprenti avec leur fils. 4. Le chef d’œuvre sera donné par les jurés ; les fils de maître en seront exempts. 5. Les veuves, restant en viduité, joüiront des priviléges de leur mari, excepté de celui de faire des apprentis. 6. Les ouvrages & marchandises des forains seront visitées par les jurés. 7. Les matieres destinées à la fabrication des armures, fer, acier, fer blanc, cuivre, &c. seront aussi visitées. 8. Chaque maître n’aura qu’une boutique. 9. Toute piece de harnois sera marquée d’un poinçon donné par les jurés, & dont l’empreinte en plomb sera dans la chambre du Procureur du Roi. 10. Les apprentis de Paris, en concurrence de boutique avec les compagnons étrangers, leur seront préférés. 11. Les armuriers feront tous harnois pour hommes, comme corcelets, cuirasses, hausses-cols, &c.

Les armuriers avoient S. George pour patron, & leur confrairie étoit à S. Jacques de la Boucherie : mais les armures ayant passé de mode, la communauté des armuriers est tombée. La fabrique des corps de cuirasse dont on se sert encore dans quelques régimens de cavalerie Françoise est à Besançon.