L’Encyclopédie/1re édition/ARGEMA ou ARGEMON

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 637).
ARGEMONE  ►

ARGEMA ou ARGEMON, s. m. (Chirurgie.) est un ulcere du globe de l’œil, dont le siége est en partie sur la conjonctive ou blanc de l’œil, & en partie sur la cornée transparente. Il paroît rougeâtre sur la premiere membrane, & blanc sur la cornée. L’inflammation, les pustules, les abcès, ou les plaies des yeux, peuvent donner lieu à ces ulceres.

En général, les ulceres des membranes de l’œil sont des maladies fâcheuses, parce qu’ils donnent souvent beaucoup de difficulté à guérir, & qu’ils peuvent être accompagnés d’excroissances de chairs, de fistules, d’inflammations, de la sortie & de la rupture de l’uvée qui fait flétrir l’œil ; enfin parce que leur guérison laisse des cicatrices qui empêchent la vûe, lorsqu’elles occupent la cornée transparente. Les ulceres superficiels sont moins fâcheux & plus faciles à guérir que les profonds.

Pour la cure, il faut autant qu’on le peut détruire la cause par l’usage des remedes convenables. Si elle vient de cause interne par le vice & la surabondance des humeurs, les saignées, les lavemens, les purgatifs, le régime, les vésicatoires, les cauteres, serviront à diminuer & à détourner les sucs vitiés ou superflus. S’il y a inflammation, il faudra employer les topiques émolliens & anodyns. Ensuite on tâchera de cicatriser les ulceres. Le collyre suivant est fort recommandé : dix grains de camfre, autant de vitriol blanc, & un scrupule de sucre candi ; faites dissoudre dans trois onces des eaux distillées de rose, de plantain ou d’euphraise, dans lesquelles on ait fait fondre auparavant dix grains de gomme arabique en poudre, pour les rendre mucilagineuses. On en fait couler quelques gouttes tiedes dans l’œil malade dix à douze fois par jour ; & par-dessus l’œil on applique une compresse trempée dans un collyre rafraichissant fait avec un blanc d’œuf & les eaux de rose & de plantain, battus ensemble. (Y)