L’Encyclopédie/1re édition/ARABIQUE

◄  ARABIE
ARABOUTEN  ►

* ARABIQUE (gomme), Mat. medic. est un suc en grumeaux, de la grosseur d’une aveline ou d’une noix, & même plus gros, en petites boules ; quelquefois longs, cylindriques ou vermiculaires ; d’autres fois tortillés, & comme des chenilles repliées sur elles-mêmes ; transparens, d’un jaune pâle ou tout-à-fait jaunes, ou brillans ; ridés à la surface ; fragiles ; luisans en-dedans comme du verre ; s’amollissant dans la bouche ; s’attachant aux dents ; sans goût, & donnant à l’eau dans laquelle on les dissout une viscosité gluante.

La gomme arabique vient d’Egypte, d’Arabie, & des côtes d’Afrique. Celle qui est blanche ou d’un jaune pâle, transparente, brillante, seche, & sans ordure, est la plus estimée. On en apporte aussi en grands morceaux roussâtres & salés, qu’on vend aux artisans qui en employent.

Il est constant, dit M. Geoffroy, que la gomme thébaïque ou égyptiaque des Grecs & l’arabique de Serapion, est un suc gommeux qui découle de l’acacia : mais on doute si celle de nos boutiques est la même que celle des Grecs. M. Geoffroi prouve que ce doute est mal fondé. Voyez la Mat. medic. L’acacia qui donne la gomme arabique est, selon lui, un grand arbre fort branchu, dont les racines se distribuent & s’étendent en rameaux, & dont le tronc a souvent un pié d’épaisseur ; qui égale, ou même surpasse en hauteur les autres acacia ; qui est ferme & armé de fortes épines ; qui a la feuille menue, conjuguée & rangée par paires sur une côte de deux pouces de long, d’un verd obscur, longue de trois lignes & large à peine d’une ligne, & dont les fleurs viennent aux aisselles des côtes qui portent les feuilles, sont ramassées en un bouton sphérique porté sur un pédicule d’un pouce de long, & sont de couleur d’or & sans odeur, d’une seule piece, en tuyau renflé à son extrémité supérieure, & divisé en cinq segmens ; garnies d’un grand nombre d’étamines & d’un pistil qui dégenere en une gousse, semblable en quelque chose à celle du lupin, longue de cinq pouces ou environ, brune ou roussâtre, applatie, épaisse d’une ligne dans son milieu, plus mince sur les bords, large inégalement, si fort étranglée par intervalles, qu’elle représente quatre, cinq, six, huit, dix, & même un plus grand nombre de pastilles applaties, unies ensemble par un fil, d’un demi-pouce dans leur plus grande largeur, d’une ligne à peine à l’endroit étranglé ; pleines chacune d’une semence ovalaire, aplatie, dure, mais moins que celle du caroubier ; de la couleur de la châtaigne ; marquée tout autour d’une ligne telle qu’on la voit aux graines de tamarins, & enveloppée d’une espece de mucilage gommeux, astringent, acide, & roussâtre ; cet acacia, si l’on en croit Augustin Lippi, est commun en Egypte, auprès du grand Caire.

On pile les gousses quand elles sont encore vertes, & l’on en exprime un suc que l’on fait épaissir, & que l’on appelle suc d’acacia : mais il découle des fentes de l’écorce, du tronc, & des rameaux une humeur visqueuse qui se durcit avec le tems, & qu’on appelle gomme vermiculaire.

La gomme arabique donne dans l’analyse du flegme limpide, sans goût & sans odeur ; un acide roussâtre, une liqueur alkaline, & de l’huile.

La masse noire restée dans la cornue, calcinée au feu de reverbere pendant trente heures, laisse des cendres grises, dont on retire par lixivation du sel fixe alkali.

La gomme arabique n’a ni goût ni odeur. Elle se dissout dans l’eau, mais non dans l’esprit-de-vin ou l’huile ; elle se met en charbon dans le feu ; elle ne s’y enflamme pas ; d’où il s’ensuit qu’elle est composée d’un sel salé, uni avec une huile grossiere & une portion assez considérable de terre ; elle entre dans un grand nombre de médicamens ; on la donne même comme ingrédient principal.

Elle peut, par ses parties mucilagineuses, adoucir la lymphe acre, épaissir celle qui est ténue, & appaiser les mouvemens trop violens des humeurs. On s’en sert dans la toux, l’enrouement, les catarrhes salés, le crachement de sang, la strangurie, & les ardeurs d’urine. Voyez Mat. med. de M. Geoffroy.

Arabiques, adj. pris subst. (Théol.) secte d’hérétiques qui s’éleverent en Arabie vers l’an de J. C. 207. Ils enseignoient que l’ame naissoit & mouroit avec le corps, mais aussi qu’elle ressusciteroit en même tems que le corps. Eusebe, liv. VI. c. xxxviij. rapporte qu’on tint en Arabie même, dans le III. siecle, un concile auquel assista Origene, qui convainquit si clairement ces hérétiques de leurs erreurs, qu’ils les abjurerent & se réunirent à l’Eglise. Voyez Thnetopsychites. (G)