L’Encyclopédie/1re édition/ARÇONNER

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 621).
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ARÇONNER, v. neut. terme de Chapelier. C’est se servir de l’arçon décrit à l’article précédent : cette opération est représentée (figure prem. Planche de Chapelerie). LLLL sont deux treteaux sur lesquels est posée une claie d’osier W qui en a deux autres HK, HK, à ses extrémités qui sont courbées en-dedans, & qu’on appelle dossiers. Elles servent à retenir les matieres que l’on arçonne sur la premiere, dont le côté antérieur doit être appliqué contre le mur qui a été supprimé dans la figure, parce qu’il l’auroit caché entierement. Ces mêmes matieres sont aussi retenues du côté de l’ouvrier par deux pieces de peau MM, qui ferment les angles que la claie & les dossiers laissent entre eux.

L’arçonneur A tient de la main gauche, & le bras étendu, la perche de l’arçon qui est suspendu horisontalement par la corde DE qui tient au plancher ; ensorte que la corde de boyau de l’arçon soit presque dans le même plan horisontal que la perche. De la main droite il tient la coche F représentée séparément (figure 10, Pl. du Chapelier.) avec le bouton de laquelle il tire à lui la corde de boyau qui échappe en glissant sur la rondeur du bouton, & va frapper avec la force élastique que la tension lui donne, sur le poil ou la laine précédemment cardée, placée en G ; ce qui la divise & la fait passer par petites parties de la gauche de l’ouvrier à sa droite ; ce qu’on appelle faire voguer. On répete cette opération jusqu’à ce que le poil ou la laine soient suffisamment arçonnés ; pour cela on la rassemble sur la claie avec le clayon. Voyez Clayon, & la figure 7 qui le représente. On conçoit bien comment la corde de boyau venant à échapper du bouton de la coche, doit pousser l’étoffe que l’on veut arçonner de droite à gauche : mais on n’entend pas de même pourquoi au contraire elle passe de la gauche à la droite de l’ouvrier : c’est ce qu’on va expliquer. Soit la ligne droite AB (Pl. prem. de Chapel.) la corde dans son état naturel, c’est-à-dire en repos, D la coche, C le poil ou laine qu’il faut arçonner ; si on conçoit que la corde tirée par la coche au point b parvient en D, où elle cesse d’être retenue par le bouton de la coche, elle retournera contrainte par la force élastique au point de repos b, où elle ne s’arrêtera pas ; la vîtesse acquise la fera aller au-delà comme en C, où elle frappera contre l’étoffe C, qui est en quantité considérable de ce côté ; elle s’y enfoncera jusqu’à ce que sa vîtesse soit anéantie ; elle reviendra ensuite de C en b avec la même vîtesse que celle qui la fait aller de b en C ; elle entraînera à son retour la petite quantité de poil ou de laine m, que le mouvement communiqué à la masse totale de poils par le premier choc, a fait élever sur son passage. Ainsi ces poils passeront de la gauche à la droite de l’ouvrier, ainsi qu’on l’observe.