L’Encyclopédie/1re édition/APSIS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 562-563).
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APSIS, ou ABSIS, mot usité dans les auteurs ecclésiastiques, pour signifier la partie intérieure des anciennes églises où le clergé étoit assis, & où l’autel étoit placé. Voyez Eglise.

On croit que cette partie de l’Eglise s’appelloit ainsi, parce qu’elle étoit bâtie en arcade ou en voûte, appellée par les Grecs ἀψὶς, & par les Latins absis. M. Fleury tire ce nom de l’arcade qui en faisoit l’ouverture. Isidore dit avec beaucoup moins de vraissemblance, qu’on avoit ainsi nommé cette partie de l’église, parce qu’elle étoit la plus éclairée, du mot grec ἅπτειν, éclairer.

Dans ce sens, le mot absis se prend aussi pour concha, camera, presbyterium, par opposition à nef, ou à la partie de l’église où se tenoit le peuple ; ce qui revient à ce que nous appellons chœur & sanctuaire. V. Nef, Chœur, &c.

L’apsis étoit bâti en figure hémisphérique, & consistoit en deux parties, l’autel & le presbytere ou sanctuaire. Dans cette derniere partie étoient contenues les stalles ou places du clergé, & entr’autres, le throne de l’évêque, qui étoit placé au milieu, ou dans la partie la plus éloignée de l’autel. Peut-être, dit M. Fleury, les Chrétiens avoient-ils voulu d’abord imiter la séance du sanhedrin des Juifs, où les juges étoient assis en demi-cercle, le président au milieu : l’évêque tenoit la même place dans le presbytere. L’autel étoit à l’autre extrémité vers la nef, dont il étoit séparé par une grille ou balustrade à jour. Il étoit élevé sur une estrade, & sur l’autel étoit le ciboire ou la coupe, sous une espece de pavillon ou de dais. Voyez Cordemoy, Mém. de Trev. Juillet 1710, page 1268. & suiv. Fleury, mœurs des Chrét. tit. XXXV.

On faisoit plusieurs cérémonies à l’entrée ou sous l’arcade de l’absis, comme d’imposer les mains, de révêtir de sacs & de cilices les pénitens publics. Il est aussi souvent fait mention dans les anciens monumens des corps des Saints qui étoient dans l’absis. C’étoient les corps des saints évêques, ou d’autres Saints qu’on y transportoit avec grande solennité. Synod. 32. carth. can. 32. Spelman.

Le throne de l’évêque s’appelloit anciennement apsis, d’où quelques-uns ont crû qu’il avoit donné ce nom à la partie de la basilique dans laquelle il étoit situé : mais, selon d’autres, il l’avoit emprunté de ce même lieu. On l’appelloit encore apsis gradata, parce qu’il étoit élevé de quelques degrés au-dessus des siéges des prêtres ; ensuite on le nomma exhedra, puis throne & tribune. Voyez Tribune.

Apsis étoit aussi le nom d’un reliquaire ou d’une châsse, où l’on renfermoit anciennement les reliques des Saints, & qu’on nommoit ainsi, parce que les reliquaires étoient faits en arcade ou en voûte ; peut-être aussi à cause de l’apsis où ils étoient placés, d’où les Latins ont formé capsa, pour exprimer la même chose. Ces reliquaires étoient de bois, quelquefois d’or, d’argent, ou d’autre matiere précieuse, avec des reliefs & d’autres ornemens ; on les plaçoit sur l’autel, qui, comme nous l’avons dit, faisoit partie de l’apsis, qu’on a aussi nommé quelquefois le chevet de l’église, & dont le fond, pour l’ordinaire, étoit tourné à l’orient. Voyez du Cange, Descript. S. Sophiæ. Spelman. Fleury loc. cit. (G)