L’Encyclopédie/1re édition/APRE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 560-561).

APRE, terme de Grammaire Greque : Il y a en Grec deux signes qu’on appelle esprits ; l’un appellé esprit doux, & se marque sur la lettre comme une petite virgule, ἐγὼ, moi, je.

L’autre est celui qu’on appelle esprit âpre, ou rude ; il se marque comme un petit c sur la lettre, ἅμα, ensemble ; son usage est d’indiquer qu’il faut prononcer la lettre avec une forte aspiration.

υ prend toûjours l’esprit rude ὕδωρ, aqua ; les autres voyelles & les diphtongues ont le plus souvent l’esprit doux.

Il y a des mots qui ont un esprit & un accent, comme le relatif ὅς, ἥ, ὄ, qui, quæ, quod.

Il y a quatre consonnes qui prennent un esprit rude, π, κ, τ, ρ : mais on ne marque plus l’esprit rude sur les trois premieres, parce qu’on a inventé des caracteres exprès, pour marquer que ces lettres sont aspirées ; ainsi au lieu d’écrire π῾, κ῾, τ῾, on écrit φ, χ, θ : mais on écrit au commencement des mots : Ῥητορικὴ, Rhétorique ; ῥητορικος, Rhétoricien ; ῥώμη, force : quand le ρ est redoublé, on met un esprit doux sur le premier, & un âpre sur le second, πόῤῥω, longe, loin. (F)