L’Encyclopédie/1re édition/ANINGA IBA

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 476).
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* ANINGA IBA, (Hist. nat. bot.) arbre du Brésil qui croît dans l’eau, s’éleve à la hauteur de cinq ou six piés, ne pousse qu’une seule tige fort cassante, divisée par nœuds & cendrée comme celle du coudrier, & porte à son extrémité des feuilles larges, épaisses, lisses, à peu-près semblables à celles du nénuphar ou de la sagittale, & traversées d’une côte saillante d’où partent des fibres transversales ; chaque feuille est soûtenue par un pédicule plein de suc & d’environ un pié de long. D’entre les aisselles des feuilles sort une fleur grande, concave, composée d’une seule feuille, d’un jaune pâle, avec un pistil jaune dans le milieu, à laquelle succede un chaton qui se change en un fruit de la figure & de la grosseur d’un œuf d’autruche, verd & plein d’une pulpe blanche & humide, qui acquiert en mûrissant une saveur farineuse. On s’en nourrit dans les tems fâcheux : mais l’excès en est dangereux, cette pulpe étant presqu’aussi froide & aussi venteuse que le champignon de la mauvaise espece ; elle peut suffoquer. On employe le bois à plusieurs usages ; comme il est léger & compact, les Negres en font des batteaux à trois planches assemblées.

L’autre espece d’aninga croît dans les mêmes endroits & prend la même hauteur que la précédente ; mais sa tige a plusieurs branches, épaisses, lisses, rougeâtres, & semblables à celles du platane ; il en sort des feuilles grandes, oblongues, & parsemées de nervures. Elle ne pousse qu’une seule fleur blanche, qui se change en un fruit singulier, d’abord verd, puis cendré, jaune ensuite, oblong, épais, compact, & grenu. Les naturels du pays le mangent au défaut d’autre nourriture.

Les deux especes ont la racine bulbeuse ; on en tire une huile par expression, qu’on substitue à celle de nénuphar & de caprier. On fait cuire la racine dans de l’urine ; & la décoction employée en fomentation appaise les douleurs de la goutte, récente ou invétérée. Hist. plant. Ray.

* Aninga-peri, plante de la nature des précédentes, qui croît dans les bois & porte une fleur blanche, à laquelle succedent de petites grappes semblables aux baies de sureau, mais noirâtres. Ses feuilles sont cotoneuses, ovales, d’un verd sale, agréables à la vûe, douces au toucher, ayant la même odeur que l’ortie, & parsémées de nervures épaisses.

On dit que broyées ou pulvérisées, on peut les employer avec succès contre les ulceres récens ou invétérés. Ray.