L’Encyclopédie/1re édition/ANECDOTES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 452-453).

ANECDOTES, s. f. p. (Hist. anc. & mod.) nom que les Grecs donnoient aux choses qu’on faisoit connoître pour la premiere fois au public, composé d’α privatif avec un ν pour la douceur de la prononciation, & d’ἔκδοτος qui vient lui-même d’ἐκ & de δίδωμι. Ainsi anecdotes veut dire choses non publiées. Ce mot est en usage dans la Littérature pour signifier des histoires secretes de faits qui se sont passés dans l’intérieur du cabinet ou des cours des Princes, & dans les mysteres de leur politique.

Ciceron dans la xvij. de ses épîtres à Atticus, Liv. XIV. s’est servi de ce mot anecdote. Procope a intitulé anecdotes un livre, dans lequel il peint avec des couleurs odieuses l’Empereur Justinien, & Théodore épouse de ce Prince. Il paroît que de tous les anciens, cet auteur est le seul qui se soit donné une pareille licence ; au moins n’a-t-on point d’autre écrit en ce genre que le sien. Varillas parmi les modernes a publié de prétendues anecdotes de la maison de Florence ou de Medicis, & a semé dans plusieurs autres de ses ouvrages différens traits d’imagination qu’il a donnés comme anecdotes, & qui n’ont pas peu contribué à décréditer ses livres.

Mais outre ces histoires secretes prétendues vraies, la plûpart du tems fausses ou du moins suspectes, les critiques donnent le nom d’anecdotes à tout écrit de quelque genre qu’il soit, qui n’a pas encore été publié. C’est dans ce sens que M. Muratori en faisant imprimer un grand nombre d’écrits trouvés dans les. Bibliotheques, leur a donné le titre d’anecdotes Greques. Dom Martene a pareillement publié un thresor d’anecdotes en cinq vol. in-fol. (G)