L’Encyclopédie/1re édition/AMNIOMANTIE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 365).

AMNIOMANTIE, s. f. sorte de divination ou de présage qu’on tiroit de la coeffe ou membrane qui enveloppe quelquefois la tête d’un enfant à sa naissance.

Pour bien entendre ce terme, il faut savoir que dans le ventre de la mere le fœtus est enveloppé de trois membranes : l’une forte, que les Grecs appelloient χόριον, & les Latins secundinæ ; l’autre plus mince, appellée ἀλλαντόιδες, & la troisieme plus mince encore, qu’on nommoit ἀμνίος : ces deux dernieres sortent quelquefois avec le fœtus, & enveloppent la tête & le visage de l’enfant. On dit que le fils de l’empereur Macrin fut surnommé Diadumene, parce qu’il vint au monde avec cette pellicule, qui formoit autour de sa tête une espece de bandeau ou de diadème. Et dans l’ancienne Rome, les avocats achetoient fort cher ces sortes de membranes qu’ils portoient sur eux, imaginant qu’elle leur portoit bonheur, & leur procuroit gain de cause dans les procès dont ils étoient chargés. Les vieilles, dit Delrio, selon que cette pellicule est vermeille ou livide, présagent la bonne ou mauvaise fortune des enfans. Et il ajoûte que Paul Jove, tout évêque qu’il étoit, n’a pas manqué d’observer dans l’éloge de Ferdinand d’Avalos, marquis de Pescaire, que ce seigneur étoit venu au monde la tête ainsi enveloppée, & par conséquent qu’il devoit être heureux. Ce préjugé subsiste encore parmi le peuple, qui dit d’un homme à qui tout réussit, qu’il est né coeffé. C’est ce que les anciens entendoient par amniomantie, terme composé des deux mots, ἀμνίος, coëffe ou membrane, & μαντεῖα, divination. Delrio, Disquisit. magic. art. lib. IV. quæst. vij. sect. 1. p. 554. (G)