L’Encyclopédie/1re édition/AMBAIBA

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 318-319).
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* AMBAIBA, arbre qui croît au Brésil ; il est très-élevé ; son écorce ressemble à celle du figuier ; elle couvre une peau mince, épaisse, verte & gluante ; son bois est blanc, comme celui du bouleau, mais plus doux & plus facile à rompre ; son tronc est de grosseur ordinaire, mais creux depuis la racine jusqu’au sommet ; sa feuille est portée sur un pédicule épais, long de deux ou trois piés, d’un rouge foncé en dehors, & spongieux au-dedans ; elle est large, ronde, découpée en neuf ou dix lanieres, & chaque laniere a sa côte, d’où partent des nervures en grand nombre ; elle est verte en dessus, cendrés en dessous, & bordée d’une ligne grisâtre ; le haut du creux donne une espece de moelle que les Negres mettent sur leurs blessures ; les fleurs sortent de la partie supérieure du tronc, & pendent à un pédicule fort court, au nombre de quatre ou cinq ; leur forme est cylindrique ; elles ont sept à neuf pouces de long, sur un pouce d’épaisseur ; leur cavité est pleine de duvet ; il y a aussi des amandes qui sont bonnes à manger, quand les fleurs sont tombées ; les habitans du Brésil font du feu avec sa racine seche sans caillou ni acier ; ils pratiquent un petit trou ; ils fichent dans ce trou un morceau de bois dur & pointu qu’ils agitent avec beaucoup de vitesse ; le bois percé est sous leurs piés, & le bois pointu est perpendiculaire entre leurs jambes : l’agitation suffit pour allumer l’écorce.

On attribue à sa racine, à son écorce, à sa moelle, à sa feuille, au suc de ses rejettons, une si grande quantité de propriétés, que les hommes ne devroient point mourir dans un pays où il y auroit une douzaine de plantes de cette espece, si on en savoit faire usage. Mais je ne doute point que ceux qui habitent ces contrées éloignées, ne portent le même jugement de nos plantes & de nous, quand ils lisent les vertus merveilleuses que nous leur attribuons.