L’Encyclopédie/1re édition/ALECTRYOMANCIE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 253).

ALECTRYOMANCIE, s. f. Divination, qui se faisoit par le moyen d’un coq. Voyez Divination. Ce mot est Grec, composé d’ἀλεκτρυών, un coq, & de μαντεία, divination.

Cet art étoit en usage chez les Grecs, qui le pratiquoient ainsi : on traçoit un cercle sur la terre, & on le partageoit ensuite en vingt-quatre portions ou espaces égaux, dans chacun desquels on figuroit une des lettres de l’alphabet, & sur chaque lettre on mettoit un grain d’orge ou de blé. Cela fait, on plaçoit au milieu du cercle un coq fait à ce manége, on observoit soigneusement les lettres de dessus lesquelles il enlevoit les grains, & de ces lettres rassemblées on faisoit un mot qui formoit la réponse à ce qu’on vouloit savoir.

Ce fut ainsi que quelques devins nommés Fidustius, Irenée, Bergamius, & Hilaire, selon Ammien Marcellin, auxquels Zonaras ajoûte Libanius & Jamblique, chercherent quel devoit être le successeur de l’Empereur Valens. Le coq ayant enlevé les grains qui étoient sur les lettres Θ, Ε, Ο, Δ, ils en conclurent que ce seroit Theodore : mais ce fut Theodose, qui seul échappa aux recherches de Valens ; car ce Prince, informé de l’action de ces devins, fit tuer tous ceux dont les noms commençoient par ces quatre premieres lettres, comme Theodose, Theodore, Theodat, Theodule, &c. aussi-bien que les devins. Hilaire, un de ces derniers, confessa dans son interrogatoire, rapporté par Zonaras & cité par Delrio, qu’ils avoient, à la vérité, recherché quel seroit le successeur de Valens, non par l’alectryomancie, mais par la nécyomancie, autre espece de divination, où l’on employoit un anneau & un bassin. Voyez Necyomancie. Voyez aussi Delrio, Disquisit. magic. Lib. IV. cap. 2. quæst. VII. sect. iij. pag. 564 & 565. (G)